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Les critiques de Bifrost

Dans le berceau du temps

Adrian TCHAIKOVSKY
DENOËL
480pp - 24,00 €

Critique parue en juillet 2025 dans Bifrost n° 119

C’est en train de devenir un rendez-vous régulier et attendu, après Dans la toile du temps et Dans les profondeurs du temps, Adrian Tchaikovsky poursuit son exploration de la galaxie à la recherche de nouvelles formes de vie intelligentes dans ce troisième roman, qui réunit autour d’une équipe humaine les représentants des différentes espèces que l’on a vu se développer précédemment : arachnides, poulpes, ainsi que l’étrange organisme qui menaçait de dévorer tout ce petit monde dans le tome précédent.

De manière un peu trop attendue, Dans le berceau du temps adopte une construction similaire à ses prédécesseurs, deux intrigues distinctes que l’on suit en parallèle pendant la majeure partie du roman. Dans la première, on part à la découverte d’une nouvelle espèce sentiente, les Corvidés, dont les capacités ne s’expriment pleinement que lorsque deux individus travaillent en binôme. Comparés aux autres créatures mis auparavant en scène par Tchaikovsky, ces couples de volatiles peinent à provoquer la même fascination et tirent plus volontiers le récit vers la comédie, tant leur comportement rappelle davantage Heckel et Jeckel que Huginn et Muninn.

Dans la seconde, on s’intéresse à un nouveau monde, Imir, destination finale d’une arche stellaire à bout de souffle, qui s’avère être une planète désertique peu propice à la terraformation. Pourtant, lorsque le récit reprend quelques décennies plus tard, on découvre une colonie agraire largement développée où les conditions de vie sont certes rudes, mais qui n’en est pas moins un succès. Succès dont on se demande bien comment il a été possible en seulement deux générations, et qui semble d’autant plus suspicieux qu’apparaissent très vite des incohérences et des contradictions. Si l’on veut bien exclure d’emblée l’incompétence  de l’auteur, la seule explication possible est que le récit qu’il nous fait ici est piégé et que la réalité de ce monde est bien différente de ce qu’il en donne à voir…

Cette deuxième moitié du roman est sensiblement plus enthousiasmante, plus inattendue aussi lorsqu’elle emprunte aux contes et à la fantasy quelques-uns de ses tropes et figures traditionnelles. Surtout, elle va aboutir, dans ses derniers développements, à une succession de révélations dont les implications vertigineuses vont crescendo. De ce point de vue, Dans le berceau du temps ne déçoit pas, quand bien même les différents chemins qui mènent à cette résolution ne sont pas tous d’un intérêt égal. Sa lecture reste néanmoins fortement conseillée.

 

Philippe BOULIER

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