Morgane CAUSSARIEU
MNÉMOS
312pp - 19,50 €
Critique parue en janvier 2013 dans Bifrost n° 69
La nuit, Bordeaux a peur. La métropole girondine est terrorisée par un tueur. La jeune Lily s’en moque. Ado en mal de sensations fortes, elle traîne ses guêtres et son mal-être au lycée. Le monde est merdique, mais tout peut toujours empirer, comme lorsqu’elle rencontre au Bathory, la boîte de nuit qui sert de repaire à la frange glauque de la faune nocturne bordelaise, un beau brun ténébreux aux yeux violets répondant au doux nom de Damian. Entre les deux, c’est le coup de foudre. Lily pour les yeux de Damian, Damian pour le sang de Lily. Car Damian est un vampire, membre d’une « famille » particulière composée de Seiko, l’aguicheuse Ja-ponaise, de J. F., le punk dont le groupe aurait pu détrôner les Sex Pistols en leur temps, et du jeune Gabriel, une âme pourrie enfermée dans un corps de gamin (sans oublier un molosse nommé Dracula). Les ennuis ne font que commencer, tant pour Damian que pour Lily et son flic de père…
« Les gentils vampires, ça n’existe pas », annonce la quatrième de couverture. On pourrait supprimer le mot « vampire », ça serait la même chose. Dans les veines suit différents personnages, sans privilégier outre mesure l’un d’entre eux, et il en ressort une chose : ils sont tous pourris. Pas un pour sauver l’autre. Pas le beau Damian, bellâtre qui n’a rien d’un Edward Cullen ; pas le flic, Gustave Baron, père incestueux ; pas Lily, idiote romantique persuadée de trouver refuge dans la non-mort vampirique… Faune interlope, keupons, camés, vampires de pacotille ou réels… Stupre, viol, inceste, drogues, torture… Il coule du sang, de la sueur, des larmes, du sang, du sang, du sperme, de la dope et encore du sang. Ça dé-ouline et ça suinte de partout. On a droit à la totale. Autant avoir l’estomac bien accroché. On pourra cependant reprocher au roman quelques longueurs et une surenchère parfois fatigante dans le gore. Qu’importe : avare en concessions, Dans les veines revendique l’influence de Poppy Z. Brite, et s’affirme un coup de poing bien senti dans la face de toutes les twilighteries. Ça défoule, et tant pis si ça en incommode certains (certaines ?).
Les âmes sensibles et les allergiques aux vampires passeront leur chemin, les autres pourront se pencher sur ce roman en forme de crachat rageur en se demandant avec curiosité ce que la jeune Morgane Caussarieu, 24 ans au compteur, pourra nous proposer par la suite. Une chose est sûre : punk’s undead.