Frédérique LORIENT
MANGO Jeunesse
216pp - 9,00 €
Critique parue en juillet 2006 dans Bifrost n° 43
Tristan est un tri-récidiviste. Pour lui, point de salut. Hormis s'engager dans les forces armées pour aller porter le combat sur la propre planète des Meds, sorte de méduses géantes ayant envahi la Terre. D'ailleurs, le lavage de cerveau que lui inflige l'armée ne lui laisse guère d'alternative. Et, comme il se doit, une fois arrivé sur Médusa, Tristan réalise qu'on ne lui a offert qu'un billet aller. La mission est une mission suicide…
Frédérique Lorient est une nouvelle voix chez « Autres Mondes », une voix qui, dès les premières lignes, sait se faire entendre, projetant le lecteur contre les murs d'une prison aux murs blancs sans prendre de gants. Déroute, doute, torture, acceptation forcée, tout l'éventail des manipulations mentales y passe. Une entrée en matière éprouvante, mais efficace !
À l'instar des dialogues, d'ailleurs, dont le côté « parler jeune » pourrait agacer mais prend vite sens, tant ils aident à l'identification et font glisser le lecteur dans la peau de Tristan aussi bien que dans celle de tous les autres protagonistes.
Et après le voyage agité, c'est à des rencontres que nous convie l'auteur. Rencontres avec les siens, mais aussi l'ennemi désigné. Sauf que, bien sûr, tout n'est pas si simple. En quoi nos actes sont-ils justes ? L'ennemi, parce qu'il est ennemi, est-il pour autant mauvais ? Après tout, n'est-ce pas une question de point de vue ? Un problème d'individu plus que de race, de nation, de planète ? Autant d'interrogations fondamentales, essentielles, qui sont ici abordées au fil des pages avec force et justesse, tout en émettant simplement un léger bémol à l'encontre d'une fin un peu trop ouverte.
Avec ce Danseurs de lumière, trente-huitième livraison de la collection « Autres mondes », Frédérique Lorient a su mettre ses mots sur les principes mêmes de ladite collection : « Une littérature de sens et d'émotions. »