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Les critiques de Bifrost

De minuit à minuit

Daniel CONRAD, Jean-Michel CALVEZ, Pascal FRANCAIX, Jérôme LEROY, Marie DARRIEUSSECQ, Jean-Jacques NGUYEN, G.-J. ARNAUD, Francis VALÉRY, Louis-Stéphane ULYSSE, Philippe CURVAL, Pierre PELOT, Florence BOUHIER, Pierre SINIAC, Michel PAGEL, Jean-Ber
FLEUVE NOIR
598pp - 15,09 €

Critique parue en octobre 2000 dans Bifrost n° 20

Anthologie conçue pour qu'on lise dans l'ordre les vingt-sept nouvelles qui la composent, De minuit à minuit, au fil des heures, ne cesse de décevoir et d'exaspé­rer. Si l'on enlève les textes nuls (Calvez, Bouhier, Siniac, Nicodème, Fuentes), ceux qui n'ont rien à faire en ces pages (Pelot, Ravalec), ceux agréables à lire mais sans surprise (Arnaud, Nguyen, Françaix, Pouy, Fazi, Ka, Winckler, Duguël), ceux ratés mais ambitieux (Leroy, Curval, Brèque, Andrevon), les razzies en puissance (Ulysse, Valéry, Bolduc), et, cerise sur le gâteau, l'incompétente Marie Darrieussecq (infoutue de savoir que c'est d'Aliens qu'elle a tiré sa citation « My mother told me monsters do not exist. Now I know they do » et non d'Alien IV)… il y avait là de quoi faire une jolie plaquette de 96 pages ou, pour être plus gen­til, un bon sommaire d'un numéro de la revue Ténèbres spécial francophonie. On s'arrêtera néanmoins sur les textes de Michel Pagel, Claude Ecken et Stéphanie Benson, tous trois très bons dans des registres assez différents. Reste que l'antho­logie donne une bonne idée de l'état du fantastique moderne francophone : une lit­térature qui parle principalement de l'en­fance (malade, victime, bourreau) et du sang (vampirisme, menstrues, SIDA). On regrettera l'absence de texte de grande littérature (« Le Horla », souvenez-vous) même si l'es­sai de Darrieussecq propose un travail sur le style assez intéressant… Quant aux textes qu'on aime, ici chez Bifrost, rapides, puissants, avec du rythme, un brin méchant : nulle trace à l'horizon. Cela aurait pu être les textes de Francis Valéry et Louis-Stéphane Ulysse, s'ils n'étaient point si ridicules.

Dans un paysage où il existe maintenant plusieurs revues professionnelles, trop d'anthologies francophones tue les anthologies francophones (voir le récent Hyperfuturs qui peine bien à découvrir ne serait-ce qu'un nouvel auteur). Quant à savoir ce qu'est l'angoisse, avouons que Daniel Conrad y répond avec brio. L'angoisse, c'est de savoir que des lecteurs peu in­formés vont acheter De minuit à minuit — 99 francs tout de même — alors que, pour le même prix (voire moins), ils pourraient acquérir deux excellents Pocket « Terreur » (Koko de Peter Straub et Maison hantée de Shirley Jackson — pour avoir le plaisir de citer deux chefs-d'œuvre). Il faut d'habitude du recul pour dire que la sortie d'une anthologie est un non-événement. Ici, au fil des noms alignés, trois heures de lecture suffisent.

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