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Les critiques de Bifrost

Destinée

Destinée

Benedict JACKA
ANNE CARRIERE
384pp - 20,00 €

Bifrost n° 92

Critique parue en octobre 2018 dans Bifrost n° 92

Alex Verus est magicien. Avec un tel nom, on s’en serait douté. Mais pas un magicien traditionnel avec robe, chapeau et baguette. Ni un Harry Potter bis. Alex Verus est devin. Il ne peut agir sur la matière, ni se téléporter, ni se transformer en eau ou en feu, ni créer des armes terribles. Par contre, il est capable de lire l’avenir. Plus précisément, il observe les multiples possibilités offertes afin de faire ses choix, de s’engager dans une action plutôt qu’une autre aux conséquences fâcheuses. Et pour sa tranquillité, après des expériences pour le moins fâcheuses, il préfère rester loin des grandes factions rivales. Il vit paisiblement en vendant des accessoires pour magiciens amateurs (et quelques vrais articles, cachés au fond) dans sa boutique londonienne. Mais un jour (car il y a toujours « un jour »), une de ses amis lui fournit un objet d’une puissance extrême. Et les voilà plongés dans une guerre mortelle entre les plus puissants magiciens d’Angleterre.

Encore une histoire de magiciens, certes. Et à Londres de surcroît. Alors que l’apprenti sorcier de Ben Aaronovitch sévit depuis plusieurs années (cf. Bifrost 67 pour le premier opus ), que les créatures surnaturelles de Daniel O’Malley protègent la capitale anglaise (cf. Bifrost 76), était-il vraiment nécessaire de voir apparaître un nouveau praticien des arts étranges, un nouveau héros d’urban fantasy ? Et qui plus, pour une série appelée à durer : déjà neuf volumes parus en VO, trois en français ( Malédiction est sorti en juin, Taken en septembre). Et pourquoi pas, après tout. Les Éditions Anne Carrière s’ouvrent à la littérature pour la jeunesse. Cela avait débuté avec le très beau La Fille qui avait bu la Lune de Kelly Barnhill et cela continue donc avec la série d’Alex Verus. Et cela peut se révéler un bon choix si ce nouveau héros trouve sa place sur les étagères bien remplies des libraires. Car Benedict Jacka a concocté un personnage central attachant, suffisamment creusé pour intriguer et donner envie de le conserver en vie pour quelques pages de plus. Sa psychologie n’est pas la plus riche, ni la plus aboutie, mais c’est le premier tome. Alors patience. En face, les clans de magiciens, leur hiérarchie, leurs divisions, leurs haines sont cohérentes, avec juste ce qu’il faut de complexité pour mériter notre attention, mais point trop pour ne pas perdre un large lectorat. La galerie de personnages est riche d’individus hauts en couleur, sympathiques ou monstrueux, effrayants ou méprisables. Quant à la description en filigrane de la ville, terrain de l’action, mais aussi acteur par moments, elle donne envie de prendre un billet d’avion (ou de train, plus écologique) pour Londres et d’aller se perdre dans certains quartiers,.

Pas quoi se taper le c… par terre, donc, mais un roman plus qu’honnête, fort plaisant à découvrir, idéal pour un bon voyage dans les mondes de la magie urbaine.

Raphaël GAUDIN

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