Pénélope LABRUYÈRE, Steve DI GIORGIO, Jean-Pierre ANDREVON, Fabien CLAVEL, Chris DUPARC, Magali COUZIGOU, Christian VILA, Feldrik RIVAT, Guillaume Guike LEMAÎTRE, Élodie MESTE
BLACK COAT PRESS
224pp - 17,00 €
« Do ya do or don’t ya don’t – SEX
Bet yer lyin’ if ya say ya won’t – SEX »
SEX – Frank Zappa
(The Man from Utopia – 1983)
Les miliciens du bonpenser auront beau bramer leur désapprobation moralisatrice, une anthologie mêlant imaginaire et érotisme reste à l’esprit ce qu’une boîte de chocolats est aux papilles. Sept ans après Chasseurs de fantasmes (Griffe d’encre) et 69, l’anthologie SFQ (ActuSF), voici venir Dimension sexe aux éditions Rivière Blanche (les esprits mal tournés détecteront d’eux-mêmes tout le potentiel calembouristique d’une pareille association de mots). Ouvrons donc cette boîte de chocolats dont la décoration, certes affriolante, n’évoque malheureusement ni fusée, ni chimère ?
Commençons par l’anecdotique : on oubliera facilement la nouvelle d’Élodie Meste , « Pour toujours, deux sans moi », pas déplaisante mais un peu brouillonne et pleurnicharde ; même sort pour « Les Voiles de Déméter » de Feldrik Rivat, dont les bonnes idées interstellaires s’effacent derrière une réalisation un peu faible. Le goût épouvantable de « Belle, allons voir si la rose » de Steve di Giorgio sera, lui, difficile à oublier. Si on pardonne la panne (subite ?) du correcteur orthographique [non… ce n’est JAMAIS la faute de l’auteur, ah ah ah !], on peut difficilement prendre la répétition (à chaque page, pour tout dire) du substantif « mouille » pour autre chose qu’une insulte à Ronsard et Apulée [rappel : dans exercice de style il y a… STYLE – même si cela peut paraître péremptoire à certains…].
Passé le moins bon arrive le meilleur : les bonnes surprises, donc. Magali Couzigou contourne habilement la zoophilie sans s’y fourvoyer avec « Chatons à vendre » ; Guillaume Lemaître transcrit avec brio son imaginaire sexuel débordant avec « Palingenèse » ; Chris Duparc livre avec « Les Coucous » une très bonne nouvelle SF où la libido joue un rôle inattendu dans un conflit cosmique ; de même, Fabien Clavel glace le sang du lecteur avec « L’Œuvre de chair », où une religion impose à ses adeptes les pires horreurs génitales.
Piliers de l’anthologie, délicieux comme les deux vieux du Muppet Show, Christian Vilà et Jean-Pierre Andrevon sont tous les deux de la fête : le premier atténue la noirceur de « La Nuit éternelle » à grands coups de sa merveilleuse gouaille provocatrice tandis que le second déploie dans « Quel bordel ! » mille et une trouvailles absolument hilarantes qui décoinceront les plus grippé(e)s d’entre nous.
Mais le statut de friandise suprême revient sans aucun doute à Pénélope Labruyère, dont les deux bijoux finement taillés sèment trouble et émotions mêlées : « Esclave » et « L’Appel », dont on ne dévoilera rien pour ne pas les gâcher. Deux grands moments qui font écho.
Entrecoupée des micros-nouvelles souvent amusantes de Jacques Fuentealba, Dimension sexe mérite donc qu’on s’y attarde quelques petits coups, voire plus si affinités.