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Les critiques de Bifrost

Critique parue en juillet 2003 dans Bifrost n° 31

Est-il possible d'écrire de la hard science avec loufoquerie ? Oui, prétend Bisson, qui le démontre sur le champ avec trois nouvelles qui se suivent chronologiquement mais sont lisibles indépendamment. Sous-titré « E=MC3 », ou encore « Tout le monde devrait avoir un ami comme Wilson Wu », ce recueil met en scène Irving, un avocat subissant des difficultés professionnelles et conjugales. Ses problèmes ne sont qu'un aspect secondaire de la question, mais ils mettent souvent en lumière les étranges phénomènes que son étonnant ami Wu parvient à expliquer, voire à enrayer avec la plus déconcertante facilité. Celui-ci, diplômé en droit, médecine, mathématiques et physique, qui exerça des activités aussi diverses que pâtissier, ingénieur, musicien de rock, entomologiste et météorologue, est un hyperactif curieux de tout qui ne manque jamais de rendre service et a en outre le don de tomber sur les phénomènes les plus étranges, qu'il parvient à expliquer.

« Le Trou dans le Trou » présente une fissure de l'espace-temps, baptisée adjacence méta-euclidienne néotopologique (non-congruente et périodique de surcroît), qui permet de récupérer, depuis une casse automobile, le Lunar abandonné sur la Lune (une partie, du moins). Dans « Le Bord de l'univers », Wu détecte une onde d'inversion anti-entropique amorçant le début du Big Crunch ; Irving en constate les effets sur une automobile abandonnée dans un terrain vague puis dans son entourage immédiat, à sa grande déception, puisque cela compromet ses chances de refaire sa vie avec Candy. Mais Wu résout toutes les difficultés, de sorte qu'Irving peut envisager une lune de miel à New York. Celle-ci risque malheureusement d'être mise à mal par une fuite de temps transitionnel provoquant une singularité chronologique compressant le temps à New York. Et voilà pourquoi taxi et métro sont à l'heure !

Les arguments pour expliquer ces aberrations sont d'une rigoureuse logique et s'appuient sur les récentes théories, ce qui permet probablement à Bisson d'affirmer en première page de son ouvrage : « Basé sur des faits réels ! » Mais les effets qu'il en tire, constatés à l'échelle de la vie banale d'Irving, sont des plus désopilants. Humour décalé et hard science rigolote font de ce recueil une lecture réjouissante.

Claude ECKEN

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