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Les critiques de Bifrost

Eclosion

Ezekiel BOONE
ACTES SUD
22,50 €

Critique parue en juillet 2018 dans Bifrost n° 91

Des touristes en Amazonie sont confrontés à une attaque massive d’araignées géantes. Les mêmes arachnides carnivores déferlent un peu partout dans le monde, générant des réactions diverses, jusqu’à la frappe nucléaire pour rayer de la carte une zone touchée. Roman polyphonique, les chapitres alternés présentent des scènes apocalyptiques donnant l’ampleur de l’invasion.

Le fait que les États-Unis soient touchés avec un temps de retard permet de se préparer au pire et peut-être d’imaginer une réponse au fléau dont on ignore l’origine. Les marines envoyés en renfort, des survivalistes prêts à se terrer le temps nécessaire ponctuent l’intrigue de scènes d’action. Le récit se concentre plus particulièrement sur Mike Rich, agent de police à Minneapolis, divorcé, écartelé entre son devoir et sa fille dont il n’a pas le temps de s’occuper, confronté sur le terrain aux premières scènes de catastrophe. À la Maison Blanche, la Présidente Stéphanie Pilgrim, belle et intelligente, aux manières décomplexées, a pour conseiller un ami d’enfance, Manny, divorcé d’une entomologiste spécialiste des araignées, Mélanie Guyer, évidemment convoquée pour la circonstance. Son attention avait été attirée par l’un des dessins de Nazca, plus ancien que les autres, représentant une araignée, et plus particulièrement par un sac, découvert sous les piquets de positionnement, contenant des œufs fossilisés mais qui seraient, contre toute attente, en train d’éclore.

Dans le registre des romans catastrophe, l’arachnophobie a toujours figuré en bonne place. Le présent roman ne manque pas de jouer sur la répulsion qu’inspirent ces bestioles, tout en développant des personnages épiçant la sauce avec leurs problèmes personnels. La dramaturgie, assez classique, n’évite pas les clichés, mais en joue avec l’humour et la distanciation nécessaires. À remarquer un grand nombre de personnages féminins aux postes clés, dans le domaine politique, militaire ou scientifique.

Ce premier volume n’en dit pas beaucoup plus sur l’origine de la menace. Il s’agit de la mise en place d’un récit de grande ampleur qui fait la part belle à l’action, sans temps mort. La narration est à l’avenant, rapide, efficace, sans style particulier. Ce n’est pas déplaisant, mais pas très original non plus, voire un cran en dessous de quelques prédécesseurs. Il faudra donc attendre la suite de ce qui est annoncé comme une trilogie pour savoir si l’intrigue qui sous-tend l’ensemble vaut le détour.

Claude ECKEN

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