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Les critiques de Bifrost

Critique parue en janvier 2021 dans Bifrost n° 101

Revoici, pour la cinquième fois, notre synthétique préféré : AssaSynth. Après être rentré sur Préservation avec le Dr Mensah, la SecUnit séditieuse la plus célèbre de la Bordure Corporatiste s’embarque pour sa cinquième aventure dans un vrai roman de plus de 400 pages au lieu des habituelles novellas qu’on lui connaît.

Cette fois, c’est un enlèvement pur et simple qui attend AssaSynth lorsqu’un vaisseau non identifié les aborde aux alentours de Préservation après une périlleuse mission sur une planète lointaine. Comme d’habitude, notre synthétique n’a d’autre choix que de protéger des humains souvent inconscients et irrationnels tout en payant un lourd tribut physique (et psychique) pour découvrir le fin mot de l’histoire.

On retrouve dans cet opus tous les ingrédients qui ont fait le succès des précédents volumes, à savoir de l’action finement cadencée, des environnements futuristes où les allégeances politiques (et les vues philosophiques, notamment sur la propriété et la liberté) divergent, et une SecUnit toujours délicieusement irrévérencieuse qui ne se lasse décidément jamais de ses séries télé de seconde zone avec quelques nouvelles pépites comme Cosmo-Trotteurs ou Orion.

Pour compléter ce tableau, Martha Wells offre des retrouvailles avec EVE, le vaisseau d’exploration au caractère revêche, et analyse les relations compliquées entre celui-ci et AssaSynth pour accoucher d’une simili-histoire d’amour 3.0 où les sentiments s’expriment d’une façon bien moins directe que chez les humains. De l’enlèvement, le récit se transforme en enquête policière matinée d’exploration planétaire et Effet de réseau en profite même pour offrir une nouvel SecUnit afin de faire vibrer la fibre nostalgique chez notre synthétique.

En somme, les habitués de la série seront aux anges tandis que les autres, eux, resteront toujours sceptiques face à ce roman de SF Militaire mâtiné de quelques réflexions philosophiques sur le libre-arbitre et la conscience.

Le seul reproche que l’on fera cette fois à Martha Wells, c’est que son univers semble moins bien s’adapter au format long, qu’elle tire parfois à la ligne et que le second tiers du roman a tendance à casser le rythme imprimé par les premiers chapitres. Mine de rien, cet opus brise l’aspect des précédentes novellas pour un parti-pris plus long et, certainement, moins percutant.

Notre AssaSynth fonctionne beaucoup mieux sur le format habituel. Au pire, comme dans le monde de la série télé, considérera-t-on cet Effet de Réseau comme un épisode de Noël plus long que la moyenne, une petite sucrerie un peu indigeste mais une sucrerie quand même. Espérons juste que cela ne devienne pas une habitude…

Nicolas WINTER

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