G. D. ARTHUR
MNÉMOS
320pp - 20,00 €
Critique parue en juillet 2016 dans Bifrost n° 83
Tout d’abord, des phrases. Sans verbe. Innombrables. À vous en rendre la lecture pénible. Voire insupportable. Mais aussi, par moments, parce que nous sommes en pleine fantasy aventureuse, un style ampoulé faisant la part belle à maintes descriptions adjectivées. Les dialogues ? Des changements de registre constants et invraisemblables, entre blagues potaches, envolées lyriques, pseudo-trouvailles d’allitérations… Au final, tout cela fait étalage d’un savoir-faire que l’auteur n’a visiblement pas – ce qui, pour un premier roman, n’est pas problématique, loin de là, mais aurait dû inciter Arthur à plus de modestie. Ces défauts dans la forme, on serait prêt à les supporter si le fond en valait la peine… Las ! Tout commence comme une histoire de triolisme sans aucun intérêt. Puis le personnage-titre du roman, Eos, jusqu’alors plutôt sympathique, devient soudainement d’une brutalité extrême, sans que l’on comprenne son cheminement intellectuel. S’ensuit tout un tas d’aventures qui laissent totalement indifférent. Bref, ce livre ne vaut pas tripette. Alors, que l’éditeur le compare à Glen Cook et Terry Pratchett en quatrième de couverture, c’est au mieux maladroit, au pire insultant pour ces deux grands auteurs de fantasy.
« “Vous voulez voir mes sequins et mes farins, monsieur le marchand de bouquins ? Sentent-ils le crottin ? À moins que ce ne soit l’idée que je renifle le purin de votre esprit chagrin.
— Faquin ! fait le lippu en reculant d’un pas.
— Margoulin !, réplique Eos.
— Oh, mais… Vaurien ! fait le chauve en cédant encore du terrain.
— Moins que rien ! Face de saurien ! Tête de batracien ! Cannibale païen ! Retourne dans ta niche à chien !” »
Quatre mots de fin : ça ne vaut rien.