Scott LYNCH, Ken LIU, Carolyn Janice CHERRYH, Daniel ABRAHAM, Gardner DOZOIS, Garth NIX, Kate ELLIOTT, Rich LARSON, Cecelia HOLLAND, Lavie TIDHAR, Matthew HUGHES, Robin HOBB, Elizabeth BEAR, George R.R. MARTIN, K. J. PARKER, Walter Jon WILLIAMS, El
PYGMALION
624pp -
Critique parue en mai 2020 dans Bifrost n° 98
À l’heure où Conan le Barbare et autres Red Sonja vivent un renouveau aventureux dans la BD américaine, alors que Game of Thrones et The Witcher ont passionné les téléspectateurs du monde entier, vous reprendrez bien un peu de sword and sorcery, non ? En traduisant l’expression mot à mot pour son titre français, cette anthologie parue chez Pygmalion affirme ses ambitions : un condensé de ce que les auteurs et autrices de fantasy modernes font de mieux dans le registre épique. Le tout présenté par le très regretté Gardner Dozois, éditeur, écrivain et anthologiste incomparable.
Précisons d’emblée que l’autrice de ces lignes, si elle avoue une passion pour Red Sonja et « le Cycle des épées » de Fritz Leiber, n’a pas la fantasy pour genre de prédilection. C’est la seule curiosité qui l’a poussée à lire ce livre – curiosité qui ne fut qu’à moitié récompensée. Les grands noms du genre, à savoir Robin Hobb et George R. R. Martin, nous livrent deux nouvelles, respectivement « L’Épée de son père » et « Les Fils du Dragon », situées dans leur univers de prédilection. En ce qui concerne Robin Hobb, FitzChevalerie fait une brève apparition pour prévenir les habitants du village du comportement des « forgisés ». La protagoniste, une enfant gâtée qui prend le parti de son père contre son instinct de survie, s’avère d’un ennui abyssal. George R. R. Martin replonge lui dans le passé du Trône de Fer via un récit sur la rivalité entre deux branches de Targaryen. Si vous avez aimé Game of Thrones, vous y retrouvez ce qui fait la saveur de la chose. Sinon, c’est une longue liste généalogique entrecoupée de meurtres tous plus gore les uns que les autres, de mariages bizarres et, par moment, la mention de différents dragons. Un récit qui clôt l’anthologie sur une impression… d’ennui profond (oui, encore). Pour le reste, hormis « La Cascade, une nouvelle de flingue et de sorcellerie », de Lavie Tidhar, trop brouillonne et peu claire pour présenter un quelconque intérêt aux yeux de qui ne connaît pas le reste des aventures du personnage principal, les textes proposés se lisent sans déplaisir. La plupart (« L’Épée Tyraste » de Cecilia Holland, « Que le meilleur gagne » de K. J. Parker ou « La Fumée de l’or est la gloire » de Scott Lynch) s’avèrent même des récits plaisants, très classiques et, parfois, un brin téléphonés.
Pour autant, ce volume renferme quelques perles. Ainsi « La Fille cachée » de Ken Liu (par ailleurs au sommaire du recueil Jardins de poussière, au Bélial’) est une relecture du genre intrigante bien servie par un figure de voleuse refusant son rôle. « Je suis bel homme, dit Apollon Freux » de Kate Elliott ravira les amateurs de mythologie grecque et de comédie shakespearienne. Quant à « La Tour moqueuse », de Daniel Abraham, disons qu’elle porte bien son titre… Reste un volume inégal, qu’on réservera aux lecteurs fans et, par définition, motivés.