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Les critiques de Bifrost

Erat fatum

Erat fatum

Hervé JUBERT
J'AI LU
288pp - 6,00 €

Bifrost n° 28

Critique parue en octobre 2002 dans Bifrost n° 28

Tiens, J'ai Lu se remet à publier des séries. Après le retour de la Cybione d'Ayerdhal, série entamée en des temps ancestraux au Fleuve Noir, voici celui de Pierre Pèlerin, le héros d'Hervé Jubert. Pas de bol, ce troisième volume est aussi le dernier.

Pour ceux qui auraient oublié de quoi parle cette série — deux ans et demi se sont tout de même écoulés entre la parution du roman précédent, In Media Res, et celui-ci — petit rappel des faits : nous sommes au milieu du XXIe siècle, et le Vatican — rebaptisé ici le Vé — est redevenu une puissance mondiale majeure. Pierre Pèlerin est l'un de ses principaux champions, chargé de défendre ses intérêts sur toute la planète. Mais c'est un champion atypique, adoré par la population et détesté par sa hiérarchie. Une partie de cette dernière décide donc son élimination pure et simple. Pèlerin bénéficie néanmoins de quelques appuis solides, et réapparaît bientôt au grand jour, sous l'identité de son propre sosie, acteur de films pornos ! Une couverture idéale pour pénétrer à Hotaku-Ne, le temple du jeu et de la luxure sud-asiatique, dont les dirigeants, non contents de ne pas reverser une partie de leurs bénéfices au Vé, détiennent en outre une arme capable de déclencher l'apocalypse nucléaire.

Je fais partie des lecteurs qui ont découvert Hervé Jubert avec Le Roi sans visage, paru il y a quatre ans dans la défunte collection « Abysses » de la Librairie des Champs-Elysées. J'avais immédiatement été emballé par le rythme effréné de ce roman et l'imagination débridée de son auteur. Les Aventures de Pierre Pèlerin est une série moins exubérante, et ce troisième volume ne fait pas exception. C'est même le plus policé de tous. L'écriture est mieux maîtrisée qu'autrefois, mais les péripéties et les retournements de situation se sont raréfiés. Le récit suit son cours paisiblement, trop paisiblement. Certaines idées amusantes, comme celle de transformer l'agent du Vé en acteur porno, ne débouchent pas sur grand-chose. Il faut attendre les cinquante dernières pages pour que l'action s'accélère enfin et que l'on retrouve le Hervé Jubert que l'on aime. C'est hélas un peu tard.

Erat Fatum n'est pas foncièrement un mauvais bouquin, il est même tout à fait lisible, mais il est décevant de la part d'un auteur que l'on sait capable de faire bien mieux.

Philippe BOULIER

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