Zuzana RIHOVA
SEUIL
22,00 €
Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115
Ce qui suit n’est pas une critique mais la chronique d’un abandon. Quand passé la moitié d’un roman vendu comme un « conte noir social » mêlant fantastique et horreur sociale, il ne se passe rien, il est en effet dur de continuer à le lire. Quand en plus les protagonistes — Bohumil, Bohumila et leur fils jamais nommé — vous indiffèrent au mieux, et vous exaspèrent par leur passivité et leur stupidité, ce n’est plus difficile, mais une véritable épreuve… et arrivée p.199, j’ai laissé tomber.
Certes l’autrice a le sens de l’image qui marque, de la formule qui fait mouche, mais elle n’a visiblement pas celui d’un récit construit et cohérent, ni celui de donner à lire des personnages auxquels s’attacher ou même s’intéresser. Basculant sans cesse d’un personnage à l’autre, entre le passé et le présent, voire le futur, la réalité et les fantasmes des uns et des autres, elle ne fait que présenter une coquille de récit extrêmement travaillée, mais vide de toute émotion ou sens réel. Oui, cette famille de citadins n’est pas appréciée par les villageois. Oui, ceux-ci ont un (ou des) secret violent et malsain. Oui, le couple ne s’aime plus et n’a guère d’affection pour son fils dont le handicap est devenu trop lourd à supporter… Et alors ? Rien. Les chapitres s’étalent, entrecoupés de variations autour du Petit Chaperon rouge, dans la lenteur moite de l’été caniculaire qu’ils vivent. Peut-être que la littérature dite « blanche » peut se contenter de la forme et faire semblant de se sustenter intellectuellement avec un tel vide, mais dans les « mauvais genres », sans fond solide, même la plus belle écriture du monde n’a aucun intérêt.