La science s’intéresse à l’espace. Ce n’est pas nouveau. Les lecteurs de l’Imaginaire aussi, beaucoup. Bifrost ne peut donc pas être indifférent à ces questions. Récemment, cet intérêt s’est manifesté dans deux petits livres, aussi intéressants que distrayants, auxquels a collaboré, avec quelques corédacteurs, notre collègue chroniqueur Roland Lehoucq. Astrophysicien féru d’Imaginaire au point d’être devenu le président des Utopiales, l’énorme Roland réfléchit à la plausibilité scientifique de Star Wars dans Faire des sciences avec Star Wars, et aux mystères du Paradoxe de Fermi, en compagnie de Mathieu Agelou, Gabriel Charon, Jean Duprat et Alexandre Delaigue, dans Où sont-ils ?
[Critique de Où sont-ils ? par ici.]
Sujet plus léger maintenant avec Faire des sciences avec Star Wars de Roland Lehoucq en solo. Le physicien y revient sur un sujet qu’il avait déjà abordé en 2005 : la plausibilité scientifique de Star Wars et les connaissances scientifiques qu’on peut transmettre en discutant des films. Chapitre après chapitre, Lehoucq balaie les éléments marquants de l’univers SW pour les soumettre à l’examen scientifique.
La Force, la mystérieuse source du pouvoir des Jedi, est la première passée au crible. L’occasion de discuter gravitation, champs, éther et vide quantique. Quant aux midichloriens qui la véhiculent, ils permettent de parler mitochondries, superorganismes, et LUCA (Last Universal Common Ancestor, dont il était déjà question dans Où sont-ils ?).
Quid du sabre-laser ? Presque impossible en version laser tant en raison de la chose en soi que de son alimentation en énergie, il pourrait être en fait un sabre-plasma, ce qui ne règle pas la question de la source d’énergie.
Les blasters de Star Wars, ces fameux pistolets dont le rayon lumineux se traîne et que Kylo Ren parvient même à arrêter, amènent Lehoucq sur la nature de la lumière et le prodige de son ralentissement dans un condensat de Bose-Einstein. Mais comment les Jedi font-ils sans condensat ? Mystère.
Et puis il y a les stations. L’Étoile de la mort : taille, masse, énergie. Lehoucq évalue tout. Le problème ici est encore l’énergie, plus de 10 38 joules pour faire exploser Alderande. Mis à part un trou noir captif, Lehoucq ne voit pas ce qui pourrait la fournir. On étudiera donc l’énergie des trous noirs et sa récolte. En théorie ok, mais compliqué en pratique.
Le problème est le même en pire pour la station Starkiller. Plus grosse, plus puissante, elle doit « siphonner » une étoile pour fonctionner. C’est cela, oui. Et comment dissiper l’énergie thermique ?
Les vaisseaux spatiaux et leur hyperespace. Si une telle chose devait exister, ce serait sous forme de bulle d’univers déformé. Problème : de telles bulles sont impossibles à contrôler. Ennuyeux pour ce qui se veut un moteur. Déformer l’espace, alors, en creusant un « tunnel » dans l’espace-temps ? Difficile sans matière exotique.
Le Landspeeder de Luke, un véhicule à anti-gravité ? Mais comment l’alimenter ? Et ne parlons même pas de la crédibilité des quadripodes impériaux ou de l’utilité pratique de robots sphériques.
Les planètes enfin sont passées en revue par Lehoucq. De Tatooine à Naboo en passant par Hoth, entre autres, Lehoucq tente de comprendre et d’expliquer les caractéristiques et la genèse des mondes merveilleux imaginés par George Lucas, « crédibles » en dépit de leurs défauts mineurs de plausibilité.
On conclut sur la difficulté centrale qui est l’énergie mobilisable par l’Empire, ce qui nous ramène à Kardashev.
Bilan : deux livres intéressants, enrichissants et distrayants, qui montrent que science et plaisir font bon ménage.