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Les critiques de Bifrost

Fantasy 2006

Fantasy 2006

Stéphane MARSAN, Mélanie FAZI, Alexandre MALAGOLI, Olivier DOMBRET, Graham JOYCE, GUDULE, Tom CLEGG, Lois McMaster BUJOLD, Dave DUNCAN, Cédric PERDEREAU, Erik WIETZEL, Sara DOUGLASS, Colette CARRIÈRE, Barbara LIANO, Terry BROOKS, Clotilde LANDAIS,
BRAGELONNE
318pp - 17,00 €

Bifrost n° 43

Critique parue en juillet 2006 dans Bifrost n° 43

D'abord, intéressons-nous brièvement à la préface, où Stéphane Marsan ose écrire que le marché de la fantasy est « loin d'être saturé » (page 11), un point de vue pour le moins étonnant en ces temps où à peu près tous les libraires de France s'accordent à dire qu'il y a surproduction dans le secteur et sont donc contraints de faire de « l'office zéro » sur certains (petits) éditeurs comme l'Oxymore ou Nestiveqnen, en ces temps où les deux nouveaux bourdons de la ruche — Calmann-Lévy « fantasy » et la collection « Points fantasy » de poche du Seuil — découvrent les réalités d'un marché dominé de la tête et des épaules par la daube en tranches, ambiance Tolkien du pauvre. Au-delà de cette propaganda liminaire, on passera tout aussi vite sur les deux articles du même tonneau qui n'ont rien à faire dans une revue — « Bragelonne au Québec » et « La distribution : les niveaux de librairie » — pour s'intéresser à l'essentiel, les textes.

Et là, n'y allons pas par quatre chemins, on est bien loin d'arriver au niveau de Science-fiction 2006, l'autre revue des éditions Bragelonne. Il n'y a qu'un seul très bon texte au sommaire de ce Fantasy 2006 et il s'agit d'une nouvelle de littérature générale (ou de fantastique hyper-allusif, si vous préférez) : « La Plage du Xenos » de Graham Joyce, jolie et inquiétante routarderie en Grèce. Pour le reste, on notera la présence de quatre nouvelles sympathiques, sans plus, signées Sara Douglass, Michael Marshall Smith (une nouvelle fantastique une fois de plus), Erik Wietzel et Gudule. Et ensuite c'est la dégringolade : Mélanie Fazi ne fait rien ou presque de sa prometteuse histoire de maison anthropophage ; Magalie Ségura massacre stylistiquement son conte cruel « Esprits de la nuit », pourtant plein de bonnes idées ; Jérôme Camut et Nathalie Hug se cassent les dents en voulant décrire un vrai personnage interlope sans en avoir les capacités littéraires (n'est pas Jack O'Connell qui veut) ; Alexandre Malagoli nous propose un texte pas si mal raconté que ça, mais qui s'intégrerait parfaitement à la ligne fantasy des éditions Harlequin (à réserver aux embrasseuses d'oreiller et aux suceuses de chuppa chups parfum fraise). Et le pire reste à venir : Dave Duncan et Terry Brooks pour des nouvelles de fantasy 100% bragelonniennes, véritables catalogues des pires travers du genre : écriture minable, dialogues plats, monde décrit inconsistant, scènes d'actions poussives. La cerise sur le gâteau étant le texte de Raymond E. Feist et Janny Wurts, une version fauchée du Dernier magicien de Robin Hobb, une histoire de magie et de clodos aussi passionnante qu'un compte-rendu opératoire d'appendicite. Ajoutez à cela des traductions qui ne sont pas toujours heureuses (le début de la nouvelle de Michael Marshall Smith a pas mal souffert) et vous avez un produit conçu à la gloire de Bragelonne et en fin de compte ne s'adressant qu'aux fans absolus de cette maison d'éditions. On passe, sans regret, surtout si la nouvelle de Graham Joyce est au sommaire du recueil de l'auteur annoncé chez Bragelonne.

Thomas DAY

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