Terry PRATCHETT
L'ATALANTE
168pp - 15,00 €
Critique parue en octobre 1997 dans Bifrost n° 6
Waooo ! fait le lecteur ingénu. Un nouveau tome (le neuvième !) des Annales du Disque-monde de Pratchett ! ? Et chacun de se frotter les mains, de se ruer sur l'ouvrage en question avec d'autant plus d'empressement qu'il marque le retour de deux figures vedettes de ce cycle vedette, le mage Rincevent et son fameux Bagages, deux héros qu'on avait plus vu depuis un petit moment (depuis trois volumes, pour être précis). Et puis il faut bien dire que l'aspect général de l'ouvrage a de quoi susciter l'intérêt, voire l'enthousiasme, et ceci même avant toute lecture. Parce que si un nouveau Pratchett est toujours une bonne surprise, un nouveau Pratchett consacré aux Annales du Disque-monde dans un format plus grand que celui des précédents opus, qui plus est richement illustré de dessins couleur intérieurs signés Josh Kirby, voilà bien de l'événementiel !
Bon. Une fois passé le plaisir visuel, la surprise, la joie qu'occasionne immanquablement l'acquisition d'un beau bouquin, arrive un moment où il faut bien se résoudre à le lire, le dit bouquin… Et c'est précisément là que nous attend une autre surprise, et pour tout dire sensiblement moins sympathique que la première : ce Pratchett là n'est pas un bon Pratchett. Ainsi, si l'aspect général du livre tendait fermement et d'emblée a faire pencher la balance côté « plus », sa lecture nous pousse irrésistiblement vers le « moins ». Moins drôle, moins captivant, moins imaginatif… (en guise d'exemple de ce que peut faire Pratchett quand il est en forme, reportez-vous à Au Guet !, le huitième tome des Annales en question). Un peu comme si l'auteur anglais avait perdu de son extraordinaire verve, de son sens du dialogue hors norme. Faust / Eric est un roman qu'on lit aussi vite qu'on l'oublie, un roman sans doute, aussi, vite écrit. Voilà bien le genre de bouquin fleurant bon le coup éditorial… Avec Faust / Eric et ses Annales du Disque-monde, Pratchett continue de passer en revue, sur un ton satirique très personnel, les grands poncifs de la Fantasy (ici le pacte satanique). Il le fait avec moins de brio qu'à son habitude, ce qui n'empêchera pas les inconditionnels (ils sont légions), de goûter les aventures du jeune Eric, ce bien piètre apprenti sorcier assorti d'un démon pour le moins curieux. Les autres feront l'économie des 89 FF du prix d'achat, en attendant un dixième volet qui ne saurait tarder (Les zinzins d'Olive-Oued, en novembre). Car sans doute il sera bien meilleur…