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Les critiques de Bifrost

Faux-semblance

Olivier PAQUET
L'ATALANTE
11,50 €

Critique parue en janvier 2018 dans Bifrost n° 89

Nouvelliste fort peu prolifique, Olivier Paquet a publié une grosse quinzaine de textes en près de vingt ans. Dans un format rappelant les recueils de Jean-Claude Dunyach chez le même éditeur, Faux-semblance réunit quatre nouvelles, trois parues dans la défunte revue Galaxies, entre 2000 et 2003, ainsi qu’une inédite, le tout introduit par une intéressante préface signée Xavier Mauméjean.

Les trois premiers textes plongent le lecteur dans des situations de conflit. « Synesthésie » voit l’humanité confrontée à une belliqueuse race extraterrestre, les Arkosiens. Ceux-ci n’apprécient guère que les humains s’implantent dans leur galaxie via une Porte TransUnivers, et veulent un accès à ce moyen de transport. Problème : la Porte est capricieuse et nécessite des efforts de compréhension. Des efforts, le gouverneur de cet avant-poste, doué de synesthésie – ce mélange de sens où, par exemple, un son s’interprète comme une odeur – est disposé à en faire, mais cela sera-t-il le cas de son homologue, la diplomate arkosienne ? Nouvelle couronnée par le Grand Prix de l’Imaginaire en 2000, « Synesthésie » est un plaidoyer pour la paix et la compréhension entre les peuples, hélas plombée par une écriture un peu trop maniérée. Le même reproche s’applique à « Rudyard Kipling 2210 », hommage à l’écrivain britannique. Le fond est convaincant, la forme moins. Dans ce récit, l’humanité s’oppose à nouveau à une race extraterrestre, les Rôdeurs. Quelle que soit l’époque, on aura toujours des fantassins ; justement, le boulot de Kipling est d’identifier les soldats tombés au front. Un jour se présente à lui l’épouse d’un soldat défunt, qui a besoin de faire son deuil… Retour sur Terre avec « Cauchemar d’enfants » : on dit souvent que ce sont les enfants qui font la loi. Une déclaration à prendre ici au pied de la lettre, car dans cette société, les rênes du pouvoir appartiennent aux plus jeunes. Le lieutenant Dobrozumsky a un partenaire, le capitaine Lone, âgé de quatorze ans… Les voilà à enquêter sur le cas de la jeune Alice, onze ans, qui estime que ses parents ont failli à leurs devoirs. Un texte glaçant, qui frappe droit au but. Enfin, « Une jeune fille aux pieds nus » nous transporte au Japon, juste après qu’un tsunami a ravagé une ville. Hikaru, la jeune fille en question, erre parmi les ruines, jusqu’au moment où elle tombe sur un enfant, coincé dans un monceau de décombres. Trop en dire gâcherait ce récit délicat et assez touchant.

En somme, deux nouvelles de SF peu convaincantes, deux nouvelles fantastiques plus réussies. Pourquoi pas.

Erwann PERCHOC

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