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Les critiques de Bifrost

Feu Vénus

Feu Vénus

Stanislas LEM
HACHETTE / GALLIMARD

Bifrost n° 104

Critique parue en octobre 2021 dans Bifrost n° 104

Au début du XXIe siècle, la Terre est devenue une utopie où les frontières ont été abolies et où les progrès scientifiques et technologiques profitent à tous. Tout irait pour le mieux si l’on ne venait de découvrir que la météorite qui s’est écrasée un siècle plus tôt dans la région de la Toungouska était en réalité un vaisseau spatial en provenance de Vénus, et que les habitants de cette planète semblent nourrir le projet d’exterminer l’humanité. Il est aussitôt décidé l’envoi sur place d’une équipe d’exploration scientifique afin d’estimer la menace réelle que représente ce monde inconnu.

Paru en 1951, Feu Vénus, premier roman SF de Stanislas Lem, semble avoir été rédigé un bon demi-siècle plus tôt. Le récit met un temps infini à démarrer, alourdi qu’il est par d’interminables passages didactiques dans lesquels l’écrivain retrace, entre autres, l’histoire de l’astronautique depuis les premiers Spoutniks, ou fait visiter à un groupe scolaire chaque recoin du Cosmocrator, le vaisseau devant conduire nos héros vers Vénus. Lem nous gratifie même de quelques schémas afin de souligner tout le sérieux de l’entreprise.

La suite est un peu plus rythmée, l’exploration planétaire offrant son lot de péripéties et de découvertes plus ou moins inattendues. Mais tout cela manque cruellement de souffle romanesque et chaque nouvelle trouvaille donne lieu à un long exposé scientifique supplémentaire. À force de vouloir se démarquer d’une certaine science-fiction dans laquelle l’aventure prend le pas sur la vraisemblance, Lem tombe dans l’excès inverse et ne parvient jamais à emballer son récit. Certes, on lui reconnaîtra volontiers un talent déjà certain à l’époque pour décrire une civilisation extraterrestre différente de la nôtre à tous points de vue. Ça ne suffit malheureusement pas à faire de Feu Vénus un bon livre. L’intention de départ était louable, le résultat final est pénible.

Philippe BOULIER

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