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Les critiques de Bifrost

Fiction - tome 10

Paul J. MCAULEY, Daryl GREGORY, Florence DELAPORTE, Jean-Jacques GIRARDOT, Steven UTLEY, Claudia O'KEEFE, James STODDARD, Yves FRÉMION, Franklin BOOTH, Benjamin ROSENBAUM, Eugene MIRABELLI, Nicolas DEPRESLES, Ian WATSON, Michael SCHULMAN, Sara DOKE, DAYLO
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
340pp - 19,00 €

Critique parue en janvier 2010 dans Bifrost n° 57

C'est sous une magnifique couverture d'Ambre (dont la portée commerciale laisse rêveur, mais peu importe) que se présente à nous le nouveau Fiction, le dixième aux Moutons électriques, avec un prix revu à la baisse, 19 euros au lieu de 23, un nombre de coquilles lui aussi fortement revu à la baisse, sans oublier de parler des traductions qui oscillent (à une exception près, mais on s'en fout : la nouvelle est chiante) entre l'excellent (Sonia Quemener) et le très correct (Anouk Arnal, même si un « porche » se ballade dans sa traduction, en lieu et place de la typique mais si dure à traduire véranda à claire-voie américaine).

Pour ce qui est du contenu, on s'attardera sans mal sur :

  • « Les deux Dick » de Paul J. McAuley, texte hommage à Philip K. Dick, et plus précisément à l'hallucinante nouvelle qu'il avait proposé à Harlan Ellison pour Dangereuses visions. Un feu d'artifice touchant, drôle, inventif, où on croise le deuxième Dick du titre, Richard « Watergate » Nixon (Dick étant : 1/ un génie de la littérature, si on en croit la grand majorité des membres de la rédaction de Bifrost 2/ le diminutif de Richard et 3/ un mot relativement vulgaire pour désigner le pénis).
  •  « Damas » de Daryl Gregory, une hallucinante histoire d'épidémie « métaphysique » par un auteur aux thématiques très proches de Greg Egan et James Patrick Kelly. Sans doute la méga baffe du numéro. Un texte épuré, puissant, dont on se souvient encore des semaines après lecture.
  •  « L'Instant de bonheur qui précède » de Claudia O'Keefe (auteur dont j'ignorais totalement l'existence et qui, en une nouvelle, s'impose comme une valeur à suivre de toute urgence). Autre histoire d'épidémie, poignante, avec un traitement très différent de celui de Daryl Gregory (opposé ?) et un résultat presque aussi impressionnant. Deuxième baffe.
  •  « La Femme dans les équations d'onde de Schrödinger » d'Eugene Mirabelli. Une superbe histoire d'amour, extrêmement fine, jamais niaise. Troisième baffe ; on pense à une idée originale de Ted Chiang traitée par une Kelly Link en grande forme.
  •  Le port-folio Lasth/Daylon « Amants sur un champ de ruine » ; noir de chez noir, mais magnifique.

Le reste est évidemment d'un niveau moindre, même si le texte de Lisa Goldstein se lit avec grand plaisir. Les nouvelles de Léo Henry, Benjamin Rosenbaum et Richard Chwedyk m'ont toutes trois semblé illisibles, car aux enjeux trop obscurs pour retenir l'attention. La novella de Ian Watson, pourtant intéressante, est d'un ennui quasiment insurmontable, la faute à un traitement d'un autre âge. Quant au « Carnet de bal » de Serge-André Matthieu, mélange de néo-colonialisme décomplexé et de notules S-F sans intérêt, on s'en serait aisément passé.

Au final : un achat conseillé pour toutes les bonnes raisons citées ci-dessus, Daryl Gregory et Claudia O'Keefe en premiers lieux.

Thomas DAY

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