(non MENTIONNÉ), Jacques BOIREAU, Jonathan CARROLL, Albert E. COWDREY, Stephen DEDMAN, Stéphane MASSA-BIDAL, Nicolas LOZZI, Michaela ROESSNER, Paul DI FILIPPO, Ann MILLER, Alexander IRVINE, Geoff RYMAN, Michael SWANWICK, Heinrich KLEY, Richard MATHESON
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
304pp - 19,30 €
Critique parue en janvier 2012 dans Bifrost n° 65
Je finis [la rubrique Revues du Bifrost n° 65] avec le treizième Fiction, qui contient comme d’habitude de très bonnes nouvelles.
Six textes retiendront particulièrement l’attention :
« Révélation » d’Albert E. Cowdrey, très différent de ce que fait d’habitude cet auteur porté sur la SF coup de poing et le fantastique malsain. « Révélation » raconte l’histoire d’un homme persuadé que la Terre est un œuf de dragon (une folie tout à fait inoffensive ?).Si le texte va à peu près là où on s’y attend, c’est bien évidemment son cheminement qui est délicieux.
« La Vie est belle », de Michaela Roessner, nous fait regretter que cette américaine écrive si peu et soit encore moins traduite. Son texte ne révolutionne pas les histoires de voyage dans le temps, mais reste de bout en bout original, agréable et plein d’inattendu.
« Les Sûtras secrets de Cathy Catin » de Paul Di Filippo raconte l’histoire d’un écrivain auteur d’un best-seller de chick-lit, une autofiction supposée, et qui a besoin d’une Cathy Catin pour le représenter. Evidemment, un beau jour…
« Bloqués », de Geoff Ryman, est une de ses nouvelles cambodgiennes (« Le Pays invaincu », « La Magnifique fille de Pol Pot »…). Connaissant le décor, certains tenants et aboutissants, j’ai été particulièrement touché par ce voyage sans retour, qui, pour tout arranger, tord le cou à tous les clichés.
« Le Petit garçon à l’épouvantail » fait partie de ces textes de dix pages, très secs, que Michael Swanwick aime écrire. Rien de neuf sous le soleil, mais de l’action, des idées classiques décalées ou retournées, et une réelle maestria.
On conclut sur ce qui m’a semblé être le meilleur texte du numéro, « L’Ange qui tombe», d’Eugene Mirabelli. En août 1967, Brendan recueille un ange tombé du ciel et, oh surprise, la créature a un joli sexe (féminin), ce qui n’est pas très biblique, mais se révèle vite des plus agréable. Mais bon, tout le monde le sait, les anges n’ont pas été créés pour aimer les mortels…Un texte qui nous pousse à nous demander très fortement ce que valent les romans érotiques de Mirabelli : The Passion of Terry Heart, The Godess in Love with a Horse, The Language Nobody Speaks.
Demeure au final un numéro un brin décevant dont on regrettera, comme souvent, la qualité globale des traductions (Dedman illisible, Jonathan Carroll francisé jusqu’à la nausée),souvent pénibles et suspectes, quand bien même on se permettra malgré tout de féliciter Annaïg Houesnard pour sa traduction d’Albert Cowdrey, limpide.