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Les critiques de Bifrost

Fiction - tome 7

Fiction - tome 7

Rhys HUGHES, Dominique DOUAY, Sabrina CALVO, Fabrice COLIN, Patrick IMBERT, David D. LEVINE, Daryl GREGORY, Kim ANTIEAU, Mario MILOSEVIC, Elmer ROESSNER, Michaela ROESSNER, LASTH, Serge-André MATTHIEU, Ted CHIANG, Gardner DOZOIS, James Patrick KELLY, J
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
368pp - 23,00 €

Bifrost n° 51

Critique parue en juillet 2008 dans Bifrost n° 51

C'est sous une très belle couverture de Laurent Bourlaud que se présente le dernier Fiction en date, le tome 7. S'il reste un nombre considérable de coquilles, des erreurs de mise en pages en veux-tu en voilà (notamment au niveau des dialogues), des erreurs dans les références (La Tour de Babel de Ted Chiang, citée deux fois, s'appelle La Tour de Babylone dans notre monde), sans oublier quelques traductions suspectes, il faut reconnaître que ça a été pire (souvenez-vous du tome 6 !). Seule la nouvelle de Kim Antieau (traduite, prétendument, par Ludivine Arnaud) tangente l'illisible, surtout quand passé simple et passé composé se mélangent un peu n'importe comment (la partouze grammaticale est un art difficile, avant tout pour ceux qui en sont spectateurs).

Pour ce qui est du sommaire, il y a du très bon. Pour commencer, la novella de Rhys Hughes « La Vieille maison sous la neige où personne ne va sauf ce soir toi et moi », le texte (la plus originale des descentes aux enfers écrites jusqu'à aujourd'hui, et probablement encore pour quelques années) est insolite, déroutant, très bon de bout en bout, et extrêmement bien traduit par Sonia Quémener (qui, d'ailleurs, livre une autre très bonne traduction dans ce même tome). Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti autant de plaisir à lire un texte, sentiment qui se répétera deux fois encore pour ce seul tome (malgré des traductions nettement moins convaincantes) avec le texte de Ted Chiang « Le Marchand et la porte de l'alchimiste » et la scatologique novella à six mains de Jonathan Lethem, James Patrick Kelly et John Kessel, « 90% de tout », qui a manqué me faire mourir de rire.

Les autres textes sont moins marquants, à part celui des cousins Colin & Calvo, très bon, et celui de Dominique Douay, surprenant et divinement répugnant. Sans oublier le beau texte féministe de Michaela Roessner qui confirme tout le bien que je pensais déjà de ses écrits. Quant à la nouvelle de Daryl Gregory, « Non-possible », c'est sans aucun doute le texte le plus insignifiant qu'il m'ait été donné de lire de ce nouvel auteur américain plus que prometteur (« Damascus », publié dans le Year's Best 24 de Gardner Dozois arrachait, pour le moins, la culotte à Yvette)

Seul texte dont on se serait vraiment passé : « Inspirer les vapeurs » de Kim Antieau, un article « féministe » que je soupçonne d'être en fait écrit par un hell's angel phallocrate tant il est ridicule ; le meilleur passage est sans doute aucun celui où « l'autrice » nous explique qu'elle a compris que l'oncle de son petit ami, oncle soupçonné du meurtre de son épouse, est bel et bien coupable, croix de bois, croix de fer !, car cet immonde porc possédait dans ses toilettes une pile de revues pornographiques. Pas érotiques, madame, pornographiques, avec des gros-plans baveux. En poussant cette logique jusqu'au bout, je me demande quel génocide cette dame (si c'est bien une dame et non Larry Flint sous pseudo) serait capable de me mettre sur le dos après avoir consulté le contenu du disque dur de mon ordinateur ?

Fiction, c'est aussi des dessins, des photos et des gribouillages : ceux de David Calvo sont laids et ne présentent pas le moindre intérêt (à part peut-être pour un pédo-psychiatre) ; le port-folio de Patrick Imbert est beau, mais politiquement convenu, dans un registre très proche de celui d'Appel d'air ; seul Lasth sort vraiment son épingle du jeu avec une BD évoquant le manga Akira et le meilleur de l'underground graphique (et typographique) new-yorkais.

Un très bon numéro (même en prenant en compte les habituelles réserves grammaticales, typographiques, orthographiques, lexicales et autres).

Thomas DAY

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