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Les critiques de Bifrost

Fiction - tome 8

Fiction - tome 8

Paolo BACIGALUPI, Anna FERUGLIO DAL DANN, Kathleen Ann GOONAN, Harry MORGAN, David DE THUIN, Jeffrey FORD, Michael SWANWICK, André-François RUAUD, Vandana SINGH, Béatrice TILLIER, Serge-André MATTHIEU, Timothée REY, Ben GREENMAN, Kevin N. HAW, Robe
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
336pp - 23,00 €

Bifrost n° 53

Critique parue en janvier 2009 dans Bifrost n° 53

Numéro quasiment sans nouvelle francophone, ce huitième Fiction des Moutons Électriques repose donc sur des traductions, ce qui il faut bien le reconnaître n'a jamais été le fort de cette anthologie périodique qui ne rémunère pas ses traducteurs et fait donc appel aux apprentis-traducteurs et aux bonnes volontés.

Pour ce qui est des nouvelles qui occupent la majeure partie du sommaire, il y a comme de juste à boire et à manger. Les textes courts sont pour la plupart anecdotiques. Parmi les longs, on notera tout particulièrement : « Cordes » de Kathleen Ann Goonan, une histoire chargée d'émotion qui tourne autour de la pelote de ficelle d'un cerf-volant et d'un couple élevant une petite-fille très malade ; « Le Whiskey nocturne » de Jeffrey Ford, étonnante plongée dans un trou paumé d'Amérique où les gens s'enivrent avec un alcool qui les fait décoller (au sens propre) ; « Le Tétraèdre » de Vandana Singh dans lequel apparaît un étrange objet à New Dehli, objet sans doute extraterrestre qui va faire dévier la vie jusque là toute tracée de la jeune Maya ; « Urdumheim » de Michael Swanwick où se mélangent la mythologie sumérienne et l'ancien testament et qui se rattache à son roman The Dragons of Babel.

Les très bonnes nouvelles ce n'est vraiment pas ça qui manquent dans ce numéro de Fiction et si j'ai oublié de citer les textes de Paolo Bacigalupi et Elizabeth Hand c'est parce que je les ai avais déjà lus en anglais et que je ne suis pas arrivé au bout de leur traduction française (maladroite, manquant d'assurance, douteuse, pour le Bacigalupi ; plate, percluse de fautes de français pour la Hand, où l'on trouve aussi des mots barrés, sans doute un suivi de corrections déficient). Ce n'est pas tout « d'acheter » des bons textes — « Dernier été à mars Hill » d'Elizabeth Hand est un petit chef d'œuvre —, il faut aussi les proposer au public dans de bonnes conditions. Et là, on en est loin. Tout comme Galaxies NS, Fiction (deux fois plus gros, mais ne paraissant que tous les six mois) a terriblement besoin d'un bon correcteur, voire d'une équipe de correcteurs chevronnés (sans parler des traducteurs !).

Ce Fiction contient aussi de nombreux dessins (Béatrice Tillier, Hans Georg Rauch, J.-J. Granville, J. Allen T. John) et plusieurs articles… Si « Féerie en exil » d'André-François Ruaud donne vraiment envie de lire The Dragons of Babel de Michael Swanwick, les articles de Serge-André Matthieu et Raphaël Colson ne présentent guère d'intérêt, voire aucun : le premier enfile les lectures d'un semestre comme d'autres des perles ; le second, pontifiant et bâti sur des sables mouvants, se penche sur le succès commercial de La Route de Cormac McCarthy (faire treize pages sur un auteur qu'on ne connaît pas bien et mettre en place une réflexion sur le marché de la science-fiction d'aujourd'hui en oubliant totalement la crise de créativité que traverse le genre depuis quinze ans environ, fallait oser !).

En conclusion, si les fautes d'orthographe et de grammaire vous gênent, si les erreurs de mise en page vous horripilent, si les traductions douteuses vos essorent la tripaille, passez votre chemin ; si par contre vous ne faites guère attention à toutes ces petites choses sans importance, vous trouverez forcément votre bonheur dans ce huitième Fiction, à la couverture fort élégante.

Thomas DAY

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