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Les critiques de Bifrost

Frère termite

Frère termite

Patricia ANTHONY
POCKET
288pp - 7,00 €

Bifrost n° 15

Critique parue en novembre 1999 dans Bifrost n° 15

Depuis la présidence d'Eisenhower, des extra-terrestres aux mœurs d'insectes se sont installés à la Maison Blanche et dans les allées du pouvoir américain. Nous sommes au 21e siècle, une sorte de gouvernement mondial est en place (greffé sur le pouvoir américain) ; et les Cousins, comme ils se nomment eux-mêmes, occupent ouvertement des postes-clé dans la hiérarchie. À commencer par Reen, protagoniste du livre, et sorte de proconsul extra-terrestre sur notre planète.

Il est l'inamovible chef d'état-major du Président Jeff Womack, lui-même installé à son poste depuis cinquante et un ans par la grâce d'un amendement constitutionnel dû au même Reen. Pendant que les Cousins préparent en secret l'extinction de la race humaine, les chefs respectifs de la CIÀ et du FBI se livrent une lutte féroce pour conquérir la confiance de Reen, tout en complotant chacun derrière son dos.

Les humains de base manifestent, eux, une haine beaucoup plus franche envers les extra-terrestres…

Pauvre Reen, finalement. Il est douloureusement surpris par toutes les trahisons qu'il découvre. D'autant plus douloureusement qu'il aime ces humains qu'il doit éliminer en douceur, et qu'il aime passionnément Marian Cole, directrice de la CIA et mère de son enfant.

Obtenue par recombinaison génétique, Angela est encore une petite fille, mais, avec une poignée d'autres, elle préfigure une race hybride, destinée à prendre la place à la fois des humains et des Cousins, rongés par un mal génétique inexorable.

Patricia Anthony adopte un style narratif très dépouillé, concis, factuel, fait de phrases courtes. Qui me rappelle Rebecca Ore. Et comme elle, elle met en scène des extra-terrestres qui s'intègrent dans un jeu social avec les humains ; ses Cousins me font penser à des patrons japonais venus s'adapter avec plus ou moins de bonheur aux employés américains des entreprises qu'ils auraient rachetées. Il faut préciser que l'humanité, dans le vécu du livre, se confond avec les USA, au point que les humains sont à un moment décrits comme des gens qui conduisent des Volvo, ou des pick ups Chevy, une distinction socio-culturelle qui appartient entièrement aux Etats-Unis des années 1980. L'étonnant, la marque du talent, c'est l'intensité de l'émotion tragique qu'elle arrive à susciter malgré la concision chirurgicale de sa narration.

Ce livre, en dépit d'affirmations téméraires de sa 4e de couverture, n'a rien à voir avec les « X-Files » (aucune paranoïa n'est nécessaire, on sait exactement ce que veulent les extra-terrestres, puisque le récit est de leur point de vue), et n'a en commun avec Docteur Folamour que se dérouler à la Maison Blanche. La traduction est parsemée d'anglicisme qui m'ont fait grincer les dents. Que ces péchés véniels de l'éditeur ne vous empêchent pas de découvrir un livre original et bien mené.

Pascal J. THOMAS

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