Troisième roman de l’auteur, Furia ! remonte à 1982, ce qui doit être la préhistoire pour bien des lecteurs… A l’époque où triomphaient les fils de pub persuadés d’être des surhommes devant dominer le monde pour mille ans sans s’apercevoir qu’ils glissaient déjà vers les poubelles de l’histoire, laissant derrière eux leur idéologie du dieu fric, certains tentaient encore de faire bouger les lignes : alors que la musique dite rock ne cessait de se réinventer, il s’agissait de profiter des expérimentations littéraires — parfois indigestes, mais nécessaires — des années soixante-dix. Dans cette histoire de déchéance d’un groupe rock, il y a du Druillet, du K. Dick (bien sûr), du Joël Houssin, de la technique de collage de par ses nombreux apartés, du Einstürzende Neubauten et autres défricheurs de l’industriel, du Orange mécanique de Burgess pour les recherches de langage. Et comme l’histoire, oscillant constamment entre rêve et réalité, jusqu’à s’offrir quelques passages drolatiques tenant plus de Chuck Jones que de Burroughs, se veut intemporelle, ce court roman a beaucoup moins vieilli que bien des récits de l’époque. Et il y a déjà ce style électrique au présent qui se fera de plus en plus sec, nerveux et précis, anticipant l’écriture de thriller telle qu’on la pratique actuellement, qui nous donnera des bijoux comme Aqua et récemment Exodes. P…, trente ans !