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              ARGYLL
               112pp                -                9,90 €             
Critique parue en juillet 2025 dans Bifrost n° 119
Des jeunes filles de Jericho, une communauté religieuse style amish, découvrent le buste d’un robot la veille du vieux Noël, quand les animaux sont doués de parole (si si, l’autrice donne de nombreux exemples). C’est un robot résolument féminin, doté d’une forme d’intelligence, et les jeunes filles décident de l’appeler Hard Mary, Marie en dur ; ou Marie la dure, si vous préférez. Le temps passe et un docteur de Profane Industries (ah ah ah) vient réclamer à la communauté ce qui lui « appartient ».
Heu… comment dire… ? Le pauvre chroniqueur que je suis a pour le moins buggé en lisant ce texte très court — Dieu merci (moins de 80 pages, le volume est gonflé par une interview de l’autrice et le début de « Re:Start » de Katia Lanero Zamora). Croyant m’embarquer dans un récit de science-fiction, je me suis plutôt embourbé dans un sketch décalé à la Monty Python qui m’évoquait irrésistiblement le début de Jabberwocky — le médiocre film de 1977 signé du seul Terry Gilliam. L’intérêt du texte semble donc plutôt comique, tapi à l’affût, dans ce décalage entre des jeunes filles naïves qui vivent comme au xixe siècle, et cette forme d’intelligence artificielle qui vient d’une industrie profane. Sauf que c’est du comique plutôt sérieux, du comique de messe un lendemain de tornade, et que l’intrigue (ou son absence) est mélangée à un gruau bien épais de condition féminine lesté d’une grosse louchée de religion chrétienne. Le texte est donc original (oui), léger (indubitablement), et paradoxalement indigeste.
Les lectrices amish de Bifrost (voire mennonites, ne soyons pas racistes) trouveront sans doute cette lecture rafraichissante. Pour les autres… revoyez Witness de Peter Weir, c’est vraiment un très bon film.
Un dernier mot sur l’objet-livre, incroyable : on jurerait un « Une heure-lumière » (même format, rabats, fond de couverture très clair) dont l’illustration de couverture aurait été exceptionnellement confiée à Anouck Faure, allez savoir pourquoi…
Thomas DAY