J. K. ROWLING
GALLIMARD JEUNESSE
896pp - 13,30 €
Critique parue en novembre 2007 dans Bifrost n° 48
Et de sept. Promis juré, J.K. Rowling en finit une bonne fois pour toute avec la série qui l'a rendue millionnaire et dont l'impact éditorial est tel qu'on ne peut plus l'évoquer sans parler de « phénomène culturel ». Vraiment fini ? Ter-mi-né, assure l'auteur. D'ailleurs, on ne dévoile pas un trop grand secret en signalant que Rowling prend soin d'inclure un épilogue à la fin du roman, interdisant de fait toute suite directe au tome 7. C'est ce qu'on appelle du travail bien fait. Et la plus riche des écrivains anglais de s'atteler à un nouveau roman, un polar. Vous n'avez pas peur qu'on vous descende ? lui demandent les journalistes incrédules. Je m'en contrefous, répond-elle… Et elle a raison. Quand on pèse plus lourd que le Reine d'Angleterre et quand on a le même tirage que La Bible et Thomas Day réunis, on n'a pas grand-chose à craindre. En attendant, il faut bien le reconnaître, Rowling a soigné sa sortie. Harrry Potter tome 7 est tout simplement impeccable. Bien traité, bien maîtrisé, complet, en quelque sorte. Cela reste de la littérature pour adolescents, ça n'atteint jamais la puissance évocatrice ou l'intelligence de propos d'un Philip Pullman, mais dans le genre, c'est absolument parfait. Rien à redire, donc, d'autant que la direction prise par les tomes précédents faisaient craindre le pire. Pas de panique, l'auteur a redressé la barre, maintenu une certaine ambiguïté dans ses personnages et… rempli son contrat.
Côté scénario, l'ensemble est bien rodé. On laissait Harry au tome précédent englué dans la mission suicide confiée par un Dumbledore on ne peut plus mort, on le retrouve ici entouré de ses fidèles amis, tous bien décidés à en découdre avec l'affreux Voldemort, jusqu'à la bataille finale (et générale). Roublarde, Rowling prend son temps et s'offre même le luxe de singer quelques grands classiques de la fantasy, Le Seigneur des anneaux en tête. Ne doutons pas une seule seconde qu'elle l'a fait exprès, et ce dans le seul but pervers de faire hurler à la mort les fanatiques de Tolkien. Que dire de plus sur un roman qui tient plus du produit que d'autre chose ? Rien, justement, si ce n'est que l'engouement suscité par la série la handicape fortement aux yeux des élites intellectuelles que nous sommes. Et c'est dommage, car une lecture intellectuellement honnête entraîne un constat clair. Harry Potter (7 ou pas) est une saga remarquablement bien menée, intelligente, drôle, légère, attachante et plutôt riche. Superficielle, sans doute, vaine, jamais. Pas de quoi s'inquiéter donc. Le bulldozer vous écrase, certes, mais en douceur, et au final, ça ne fait pas grand mal. C'est même assez agréable de se laisser embarquer, de tourner les pages les unes après les autres comme un gosse gourmand et de se faire plaisir, tout simplement.