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Les critiques de Bifrost

Helena von Nachtheim : un vampire amoureux au XIXe siècle

Yvon HECHT
DENOËL
7,10 €

Critique parue en juillet 1996 dans Bifrost n° 2

 

« Elle était allongée, paisible, profondément endormie. Ses mains pressaient une chose informe contre son corps. Wilhelm se pencha, crut, un instant, que c'était une poignée de feuilles. C'était un petit coq, l’œil ouvert, le bec distendu. Mina regarda Wilhelm sans rien dire. Quand leurs regards se croisèrent, elle jeta deux autres cadavres à ses pieds.

– Et ça et ça. Elles les attire et elle les tue. »

Romance fantastique XIXe siècle et précieux, sans aucun effet gore et pour cause : le baron Wilhelm Vordenburg, jeune étudiant en médecine attaché à la maison de l'ambassadeur, tombe amoureux de sa jeune protégée, la fantasque Héléna. Quand l'entourage de celle-ci ne songe qu'à la cloîtrer, Wilhelm pense en revanche pouvoir comprendre et guérir la curieuse manie que celle-ci a de mettre à mort sans qu'une goutte de sang ne soit versée chats et pigeons quand la nuit vient. Yvon Hecht émule le style suranné d’époque et parvient à instaurer une atmosphère trouble et charmante pour l'histoire d’amour impossible. À noter les références au mesmérisme, magnétisme et autres hypnotismes, tout à fait d'époque.

Héléna von Nachtheim pourrait s’inscrire dans le mouvement de la « rétro-science-fiction » — le même qui voit paraître des romans victoriens (Tim Powers, K.W Jeter, ou sortir des films comme Mars Attacks de Tim Burton, dont l'intention est de présenter les extraterrestres « comme on les imaginaient dans les années 50 » — ou encore des bandes-dessinées de science-fiction reprenant l'imagerie — décors, costumes et mini-vague — des Flash Gordon d'Alex Raymond : une dose de nostalgie ou d’hommage et, paradoxalement, l'exploration de territoires dont l'ancienneté a donné leur cachet exotique.

David SICÉ

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