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Les critiques de Bifrost

Olangar. Histoires au crépuscule

Olangar. Histoires au crépuscule

Clément BOUHELIER
CRITIC
220pp -

Bifrost n° 113

Critique parue en janvier 2024 dans Bifrost n° 113

Comme l’explique sa très éclairante postface, Bouhélier ne devait pas revenir dans l’uni­vers d’Olangar, mais l’envie de le retrouver se faisant puissante, il a écrit une nouvelle, puis une deuxième. Il a enfin été décidé d’en faire un recueil en y ajoutant un troisième texte, mais pas un de ces ouvrages banals où les nouvelles s’enchaînent sans lien entre elles. Ainsi, l’auteur rédigé quelque chose d’un peu plus élaboré qu’un simple fil rouge : trois ca­valiers – une humaine, Evyna, et deux elfes ; une femme, Silja, et un homme, Torgend – traversent pendant des semaines les solitudes glacées s’étendant entre les villes d’Olangar et de Frontenac, pour retrouver les assassins du frère d’Evyna. Voyant que l’humaine som­bre dans l’apathie, les deux elfes décident de l’en sortir en l’incitant à se livrer, amorçant le processus en racontant des faits saillants de leur passé, le soir, autour du feu de camp. Chaque nouvelle est l’un de ces récits vespéraux, le premier émanant de Silja, les deux autres d’Evyna. Le (très intéressant) récit de Torgend, plutôt que de constituer un tout, est dispersé dans la totalité de l’ouvrage. Tous mettent en vedette des éléments du passé de cet univers, et permettent d’en apprendre plus sur certains de ses personnages secon­daires.

Dans « Le Secret de Kornal », Silja narre la sinistre découverte faite par Afrun, inquisitrice elfe, qui, dix ans plus tôt, a arrêté et fait exécuter Kornal, tueur en série pédophile, malgré ses doutes sur sa culpabilité, alors que dans la région d’Husevik, les disparitions recommencent. Bijou de dark fantasy centré sur la rédemption et montrant une société elfe à des années-lumière de celles de Tolkien, c’est clairement le meilleur texte du recueil, à tel point qu’il peut à lui seul en justifier la lecture. Le premier récit d’Evyna, « Un grand feu de joie », qui revient sur l’invasion du domaine familial par les orcs, est plus anecdotique, mais cette baisse de tension est compensée par le second, « Les Loups d’Enguerrand », où l’héroïne, alors adolescente, mène l’enquête avec son frère pour découvrir qui se cache derrière le massacre et le pillage des convois expédiés par son seigneur de père pour aider ses sujets en proie à la di­sette. Avec le récit de Silja, c’est celui où on retrouve le plus le contenu social et politique typique d’Olangar, notamment une interrogation sur l’accueil des migrants économiques.

L’auteur dit qu’il a davantage eu l’impression de retrouver des cartes postales de ses personnages que ces derniers : il est clairement sévère avec lui-même. Si changement il y a, il est plus à chercher du côté de l’atmosphère parfois un peu moins marquée Olangar, et plus fantasy généraliste. Lisible aussi bien par le néophyte qui y chercherait une porte d’entrée que par l’amoureux d’Olan­gar, Histoires au crépuscule, manière de catharsis pour des protagonistes hantés par le passé, se révèle un recueil fort recommandable.

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