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Les critiques de Bifrost

Histoires mystérieuses

Histoires mystérieuses

Isaac ASIMOV
FOLIO
437pp - 9,40 €

Bifrost n° 66

Critique parue en avril 2012 dans Bifrost n° 66

On l’a vu avec Xavier Mauméjean [dans l'article « La Science-Fiction noire d'Isaac Asimov » in Bifrost n°66], Isaac Asimov a mélangé avec succès le genre policier à la science-fiction dans plusieurs de ses romans, dont Les Cavernes d’acier ou Face aux feux du soleil. Parallèlement, il a rédigé de nombreuses nouvelles reprenant ce principe. Quatorze d’entre elles sont réunies dans ces Histoires mystérieuses. On peut laisser de côté « Au large de Vesta » : pas d’énigme, pas de meurtre. Ce texte n’est là que pour servir de support à « Anniversaire », qui reprend les mêmes personnages, quelques années plus tard, avec une vraie enquête cette fois-ci. Le point commun des treize autres ? Une volonté de l’auteur d’offrir une véritable énigme. Il faut, selon Asimov lui-même, « être honnête avec le lecteur », à savoir mettre à disposition, dans chacune de ses histoires, tous les éléments permettant au Sherlock de l’espace en herbe que nous sommes de résoudre le problème posé avant les dernières lignes.

Pour nous aider à découvrir les criminels, Isaac Asimov fait intervenir à plusieurs reprises un détective un peu particulier : le docteur Wendell Urth. Spécialité : extraterrologiste renommé. Caractéristique : a une peur panique de tous les moyens de transport existant. Malgré ce défaut en principe gênant pour sa profession, il s’avère capable de résoudre n’importe quel problème de logique. Et donc de confondre à tout coup l’assassin. Et cela, depuis son appartement, qu’il ne quitte qu’à de très rares occasions. On reconnaît ici l’habitude qu’a Asimov de glisser dans la plupart de ses textes une once d’humour et de légèreté.

Même quand il ne met pas en scène ce personnage haut en couleurs, l’auteur utilise des recettes identiques. La science et les scientifiques (l’image qu’il donne de ce milieu est tout sauf flatteuse : jalousies, mesquinerie, meurtres…) sont au cœur de ses nouvelles. Certaines d’entre elles donnent lieu à de véritables petits exposés, pas toujours faciles à suivre malgré les talents de vulgarisateur du bon docteur (« La Cane aux œufs d’or »). Un trait qui confère à plusieurs récits une tonalité assez désuète, tant la science a progressé, tant certaines notions sont aujourd’hui dépassées. Mais cela n’empêche aucunement de profiter des histoires : les scénarios sont solides, la logique implacable. On se contentera d’esquisser un petit sourire devant l’évocation de notions désormais obsolètes.

Tous les récits contenus dans ce recueil ne se valent pas, bien sûr. Quand l’auteur essaie d’écrire un texte « égrillard » et obtient selon lui une « aventure de type James Bond », l’ensemble a souvent un côté gentillet, voire risible (« A Port Mars sans Hilda », par exemple, tout ce qu’il y a de dispensable). Mais « Le Carnet noir » ou « La Boule de billard », avec leurs personnages cyniques et implacables, « Chante-cloche » ou « Mortelle est la nuit », avec le savoureux docteur Urth, suffisent à faire de la lecture de ces Histoires mystérieuses un moment de plaisir, quand bien même ce plaisir se révèle quelque peu suranné ; il n’en est pas moins réel.

Raphaël GAUDIN

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