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Les critiques de Bifrost

Hors de l'univers / Les Voleurs d'étoiles

Edmond HAMILTON
OPTA

Bifrost n° 90

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Le binôme Hors de l’Univers / Les Voleurs d’étoiles est l’une des rares occasions en France d’avoir un aperçu du Edmond Hamilton des débuts (il avait commencé à publier deux ans plus tôt). Parus dans Weird Tales entre 1928 et 1930, ces récits constituent la quasi-totalité des aventures de la Patrouille Interstellaire, groupe d’intervention chargé d’éliminer tout danger susceptible de menacer la galaxie et évoqué plusieurs fois plus haut dans le présent dossier (cf. l’article de Francis Valéry, notamment).

Hors de l’Univers est un modèle du genre pour l’époque. Débutant par une simple escarmouche spatiale, le récit va très rapidement prendre une ampleur démesurée et opposer la totalité des forces spatiales de trois galaxies. Hamilton ne fait pas dans la demi-mesure : les scènes de combat se succèdent à un rythme frénétique, des milliers de vaisseaux sont anéantis d’une seule phrase, des soleils sont projetés les uns sur les autres comme dans une délirante partie de pétanque cosmique. Il y a quelque chose de jubilatoire à voir le romancier enchaîner les morceaux de bravoure, augmenter sans cesse les enjeux et se lancer dans des descriptions dantesques d’holocaustes cosmiques. En fin de compte, on estimera sans mal à quelques centaines de milliards les victimes de ce jeu de massacre à l’échelle de l’univers, mais on ne pourra pas dire que ses héros n’auront pas mérité leur jolie médaille.

Les nouvelles au sommaire de Les Voleurs d’étoiles nous proposent chacune une version condensée du roman Hors de l’univers. Le problème, comme on s’en rend rapidement compte à la lecture de ce recueil, est que toutes fonctionnent exactement sur le même schéma : le narrateur, Dur Nal / Jan Tor / Ran Rarak / Ker Kal, héros de la Pa-trouille Interstellaire, est convoqué par le Conseil Suprême / Bureau des Connais-sances Cosmiques / Grand Conseil des Soleils / Quartier Général de la Patrouille à Bételgeuse, qui l’informe que la Terre / la galaxie est menacée par une étoile géante / une nébuleuse / une comète / un nuage cosmique qui se dirige vers elle. En compagnie de son équipage / quelques vaisseaux d’exploration / une armada de plusieurs milliers de navires, notre héros se rend sur place et découvre que le phénomène en question n’a rien de naturel mais qu’une intelligence extraterrestre est à l’œuvre : d’horribles créatures sphériques / coniques / informes / reptiliennes / invisibles, originaires d’un monde mourant et décidées à le sauver à n’importe quel prix. Après avoir été capturés, nos héros parviennent à s’échapper et, à quelques minutes de l’issue fatale, à éviter l’apocalypse, éventuellement grâce au sacrifice d’un personnage secondaire dont on saluera la bravoure lors d’un émouvant mais viril hommage posthume. Dans le genre, Hamilton avait trouvé une formule gagnante, mais réunir ces nouvelles dans un même recueil est probablement le pire service que l’on pouvait leur rendre.

Philippe BOULIER

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