Roland C. WAGNER
ACTUSF
55pp - 5,10 €
Critique parue en janvier 2014 dans Bifrost n° 73
« Howard Phillips Lovecraft vient de mourir à l’âge de cent un ans. »
Dans un autre plan d’existence, Howard Phillips Lovecraft n’est pas décédé d’un cancer de l’intestin à 47 ans, mais a donc vécu jusqu’à l’âge canonique de 101 ans. Roland C. Wagner s’en fait le biographe dans cette nouvelle, un charmant exercice de style plein de sympathie envers le « reclus de Providence ». Si le début de H.P.L. (1890-1991) respecte scrupuleusement la vie véritable de Lovecraft, la seconde moitié offre à ce dernier une biographie de rêve, où le créateur de Cthulhu devient un auteur reconnu et respecté, qui s’éloigne de l’horreur et du fantastique pour virer vers la SF, et qui délaisse ses opinions racistes pour adopter de vraies convictions de gauchiste. On le voit ainsi traverser un demi-siècle d’histoire de la SF américaine, publiant chez John W. Campbell, croisant le fer avec Heinlein, en prise avec le maccarthysme, adoubant Philip K. Dick, rencontrant un groupe de rock psychédélique… sans oublier un petit tacle à destination d’August Derleth.
Aussi sympathique qu’anecdotique, H.P.L. (1890-1991) n’est pas le seul texte de Roland C. Wagner à aborder l’œuvre lovecraftienne. Citons aussi le pastiche « Celui qui bave et qui glougloute ». Et le maléfique Dragon Rouge, dont la présence hante les « Futurs Mystères de Paris », a tout d’un Grand Ancien.
Cette nouvelle a été souvent republiée depuis sa prime parution en 1995. Dans sa dernière édition, en 2006 chez ActuSF, elle est accompagnée de sa traduction en anglais, par Jean-Daniel Brèque, et d’une interview de feu son auteur. Actuellement épuisée, H.P.L. (1890-1991) devrait sous peu bénéficier d’une réimpression. Pourquoi s’en priver, nom d’un shoggoth ?
(Dans un autre plan d’existence, Roland C. Wagner n’est pas décédé dans un accident de la route, et vivra jusqu’en 2061. Mais c’est là une autre histoire…)