Delta n'est pas un pilote de vaisseau spatial : s'il doit tirer cinq ans d'espace dans un Instrument de Veille Galactique, c'est au titre d'auxiliaire humain de l'ordinateur de bord, WHY (ce sigle possède aussi un décodage, mais à la lecture on se dit qu'ici les acronymes ont plus de sens en eux-mêmes que développés). Mais Delta finit par craquer, et par entraîner WHY dans sa révolte contre le Centre. Et contre d'autres unités qui possèdent avec la sienne un degré insoupçonné de similitude — même si le titre du roman en évente largement la nature.
Avant toutefois de faire de WHY un computeur renégat, solidaire (à la différence de HAL) de son compagnon humain, Delta le promeut écrivain, producteur d'une histoire de poète amoureux transi qui éveille, en dépit de son caractère stéréotypé, d'étranges résonances chez son unique lecteur.
Huis Clones séduit au départ par une situation décalée (même si pas entièrement originale), la violence de l'expression et la crudité des détails, et une écriture personnelle (quoiqu'un tantinet verbeuse). Hélas, plus le roman progresse, plus l'écriture se relâche, plus les invraisemblances scientifiques sont flagrantes. Un échantillon de phrase confuse : comment Delta peut-il être « retenu prisonnier par un poids qui changeait de direction à chaque volte du module en folie » ? (p. 189). Et surtout, on comprend de moins en moins où le roman veut nous mener. Que Calvez ne cultive pas un clone de La Stratégie Ender ou d'Odyssée sous Contrôle, c'est tout à son honneur, mais j'aurais aimé que son livre ne se terminât pas sur une pirouette. Peut mieux faire !