Rez, leader de l’inaltérable groupe de rock Lo/Rez, va se marier avec Rei Toei, une chanteuse vedette des écrans nippons. Cet événement est médiatique surtout parce que Rei Toei est une idoru, une créature virtuelle. Le mariage se concrétiserait par l’intermédiaire d’un module de programmation biomoléculaire qui intéresse les Russes, raison pour laquelle trafiquants et agents secrets se pressent à Tokyo en même temps que les fans de musique. Parmi eux, Chia, adepte de ce groupe né pourtant avant elle, qui veut vérifier la véracité de l’information, ou la directrice de Slitscan, acharnée à détruire l’image de la pop star trop sage et surtout à la trop grande longévité.
L’information est le nerf de la guerre, d’où l’intérêt manifesté pour le module de programmation. Une idoru est en effet conçue par des agents softwares qui analysent ce qui plaît au public afin de toujours se conformer à ses goûts. Ce sont des softwares qui sont à l’origine de la musique populaire japonaise enka, éminemment commerciale, qui envoie des sons groupés comprenant entre autres des influences pop occidentales diluées, ou des EDHS, Elaborations diatoniques d’une harmonie statique, à base d’airs de Bach ou de Procol Harum. Comme toujours, la provocation remplace l’originalité : ainsi, en révélant une prédilection pour la chair fœtale irakienne, les Duke of Nuke Them, groupe de roidhead metal, sont disque de platine. Sans surprise, les sons nouveaux proviennent des labels indépendants : Skyline, le premier album de Lo/Rez a été produit par Dog Soup, à East Taipei, label que Rez a racheté pour produire d’autres groupes moins commerciaux.
L’intrigue sert de décor à une société dominée par les apparences, incapable de maîtriser ses mutations désormais trop nombreuses, et dont l’industrie de la musique ne constitue qu’un exemple.