Un matin, Amy, la femme de Ben, trouve un robot dans le jardin. Un petit robot, capricieux et assez mal en point, mais auquel Ben s’attache vite, au point de décider de l’adopter, ce qui finit par provoquer l’exaspération croissante d’Amy, puis son départ. Aimable loser, Ben peine à se prendre en main : vivotant sur l’héritage de ses défunts parents, il évolue dans un marasme constant. Tant pis, Amy partie, le jeune homme reste avec le robot, nommé Tang (« Odeur piquante », en anglais : la suite du récit expliquera l’origine du nom). Toutefois, le petit tas de ferraille a un besoin assez urgent de réparations. Problème : plus personne ne fabrique ce genre de robots. Ben se lance donc à la recherche de ses constructeurs, où qu’ils puissent être. C’est une odyssée qui va mener le duo improbable aux quatre coins du monde… Odyssée autant que parcours initiatique, pour Tang, qui prendra peu à peu confiance en lui, comme pour Ben, qui trouvera un sens à sa vie avec cette créature de métal, et peut-être davantage.
Dès le premier chapitre, il est vite évident que le robot ici présent a surtout une dimension métaphorique : difficile de voir autre chose qu’un enfant (probablement) handicapé derrière la bouille métallique de Tang, aussi attendrissante que celle de Wall-E. Un enfant « À problèmes », qu’il est nécessaire d’apprendre à comprendre, à gérer. Néanmoins, Tang reste bel et bien un robot, avec les spécificités idoines (et un aspect fonctionnel très discutable, car ce robot ne semble pas posséder d’utilité précise). De fait, les androïdes sont partout, dans le présent parallèle décrit par Deborah Install. Néanmoins, l’auteure ne cherche pas vraiment à s’interroger sur la nature artificielle de Tang : sous un léger vernis science-fictif, le récit questionne davantage les rapports humains (l’engagement, la paternité, les choix de vie). Pour peu que l’on adhère à ce principe et qu’on ne soit pas en quête des vertiges eganiens, Il y a un robot dans le jardin constitue un divertissement des plus sympathiques, débordant de tendresse pour ses personnages. Plutôt bien mené, ce doux roman d’apprentissage pâtit d’un dernier tiers tirant un peu en longueur, une fois que nos deux héros sont de retour à la maison (mais depuis Ulysse, on sait bien que la partie la plus ardue du voyage est précisément le retour). Pas de quoi bouder son plaisir, toutefois.