Si l’on considère L’Anneau de Ritornel de Charles L. Harness comme la Rolls-Royce du space opera, alors Invasion en sera la Fiat Tipo, pas tout à fait en bas de l’échelle, mais presque. Ça se lit facilement mais s’oublie encore bien plus aisément. Le moins équipé des poissons rouges devrait parvenir à suivre sans trop de peine… Y a rien là-dedans ! Plus creux qu’une boite de corned beef vide. Ce n’est absolument pas de la fiction spéculative. Aussi intéressant qu’une dalle de parking…
Pour « Les Sept mercenaires dans l’espace », accroche dont se gargarise la 4e de couverture, tu repasseras ! On est à des mégaparsecs du chef-d’œuvre de John Sturges ou de son modèle nippon, Les Sept samouraïs d’Akira Kurosawa. L’idée de base est bien là, certes. Une petite planète sans importance – au lieu d’un village – est menacée par une immense flotte robot programmée pour éradiquer toute vie rencontrée – en place de bandits –, et nul ne juge qu’il vaille la peine de la défendre. Deux religieuses – à la place des paysans – partent chercher des guerriers susceptibles de les sauver. Elles ne trouvent que Lanoe, un vieux pilote de chasse las des combats pour des causes auxquelles il ne croit pas, qui finit par battre le rappel de ses anciennes sœurs d’armes : Zhang, l’amour non dit de sa vie, devenue aveugle et ne percevant le monde qu’au moyen de prothèses, et Etha, qui ne peut plus voler. S’ajoutent à elles Valk, un ancien héros ennemi – le seul a être un tant soit peu intéressant –, Thom, un jeune pilote de régates spatiales qui s’est foutu dans une merde noire dont Lanoe l’a plus ou moins tiré, et Maggs, un officier corrompu qui se retrouve mêlée à l’affaire après l’échec de l’arnaque dont nos « bonnes sœurs » devaient faire les frais, leur planète étant censée passer par pertes et profits. Ajoutons encore madame l’ingénieur Derrow, qui fera ce qu’elle peut, c’est-à-dire beaucoup, beaucoup trop, comme les autres, pour que ce soit crédible. Bon, on n’a pas dit non plus que les modèles cinématographiques étaient crédibles… C’est héroïque, mais ça passe mal de l’écran au livre. En lisant, j’avais plutôt à l’esprit les derniers pilotes de chasse de la Luftwaffe qui montaient à un contre vingt face aux flottes de bombardiers alliées ; mais eux n’ont pas gagné…
Kurosawa est l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma mondial ; Sturges, un géant du western ; et D. Nolan Clark, un tâcheron produisant de la littérature d’action kilométrique. Il peine même à rivaliser avec James S. A. Corey ou Kevin J. Anderson et, pour tout dire, n’y parvient pas… Pour sa première incursion dans le domaine du space opera, dont nous pouvons surtout espérer qu’elle soit la dernière, D. Nolan Clark nourrit l’ambition somme toute mesurée de devenir David Weber à la place de David Weber. Il devrait pouvoir pondre pas mal de kilomètres d’Honor Harrington… Et basta.