« La guerre avait modifié les comportements au point que la sincérité constituait une idée neuve en Europe. Une idée d’avenir pour les temps de paix. »
L’Europe du futur se déchire au travers d’un conflit opposant deux factions : la Coop et le Consortium (on se surprend à penser à un jeu vidéo de stratégie en temps réel – STR pour les intimes). Sous la bannière de la Coop se rangent plus ou moins de bonne grâce nombre de factions écologistes dont les armes sont le produit de plantes modifiées, tout juste contrôlables et tout à fait létales (on se surprend à penser à Jayce et les conquérants de la lumière – si si, le dessin animé). Le Consortium, où l’ingénieur est roi, a développé l’intelligence artificielle, modestement nommée Sublime, et de complexes animaux de combat synthétiques (on se surprend à penser à un croisement étrange de Goldorak et de Pokémon). Au milieu de ce pandémonium, une bande de contrebandiers, dont, au vu de leurs prénoms, on se demande quelle est la filiation avec les frères Karamazov, tire tranquillement son épingle du jeu avec le marché noir (on se surprend à penser à feu Han Solo). Quant au reste du monde, dont les grandes puissances restent la Chine et les États-Unis, il se tient à l’écart du conflit tout en essayant de profiter de la situation.
De manière surprenante, Olivier Paquet a travaillé avec brio ces éléments de base, dont la pertinence aurait pu, de prime abord, laisser le lecteur dubitatif. Jardin d’hiver est un roman bien construit autour de personnages accrocheurs, une sorte de Fleuve Noir de luxe dont la science-fiction délicieusement surannée s’appuie sur une solide connaissance que l’auteur a des phénomènes politiques et géo-stratégiques tout en restant accessible aux néophytes.
D’un point de vue narratif, l’auteur déploie un talent particulier pour les scènes épiques dont le souffle et le théâtre, Mégapole, à savoir Paris et sa banlieue, ne manqueront pas de ravir les lecteurs les plus blasés. Grand spectacle, suspense ainsi qu’une certaine profondeur font de Jardin d’hiver une excellente surprise comme on aimerait en lire plus souvent.
Comme quoi, les réputations…