La triade Macdonald, trois caractéristiques communes à quatre-vingt-quinze pour cent des tueurs en série : énurésie nocturne, pyromanie et cruauté envers les animaux. John Wayne Cleaver, adolescent de quinze ans, en plus d’être diagnostiqué comme sociopathe, trouble de la personnalité caractérisé par une tendance générale à l’indifférence vis-à-vis des normes sociales et à l’incapacité de créer des liens émotionnels avec les autres, a lui aussi ces particularités distinctives. Depuis son plus jeune âge, Cleaver nourrit deux passions : la connaissance des serial killers, leur personnalité, leurs modes opératoires… et l’aide qu’il apporte à sa mère et sa tante dans leur funérarium pour l’embaumement des cadavres de la petite ville de Clayton County. Dans ce contexte plutôt macabre, John est persuadé qu’il est un serial killer en puissance et décide de lutter contre ce destin apparemment inéluctable. Accompagné par un psychologue, il décide de se donner des règles de vie afin de maîtriser le monstre qui sommeille en lui. Mais très vite, sa petite bourgade va devenir le théâtre de meurtres inexpliqués et particulièrement atroces… John, persuadé qu’ils sont la marque d’un tueur en série, décide d’enquêter et de démasquer l’assassin. Une manière pour lui d’exorciser sa propre nature.
Je ne suis pas un serial killer est le premier volet d’une trilogie dédiée à John Wayne Cleaver, premier volet qui se retrouve dans notre pages parce que Dan Wells a teinté son thriller d’une bonne couche de fantastique — ce qui ne constitue pas la meilleure qualité du livre. Difficile de ne pas déflorer l’intrigue sans tout dévoiler. Alors disons que ceux qui ont vu The Hidden (1987, réalisé par Jack Sholder) ou lu Dreamcatcher de Stephen King trouveront la ficelle un peu grosse, même si l’auteur est plutôt avare d’explications quant aux événements surnaturels de l’intrigue. On reste sur notre faim, peut être en attendant plus de réponses dans le second tome ? Et c’est vraiment dommage car ce court roman (moins de trois cents pages) possède des qualités indéniables. L’atmosphère funéraire de la chambre mortuaire parfaitement glaciale, les séances chez le psy particulièrement bien menées, et puis ce gamin atypique et étrange en lutte avec ses propres démons se révèle finalement très attachant. Bref, on termine ce livre pincé d’une légère déception, mais on a envie d’en savoir plus tant le personnage de John est charismatique, inquiétant et touchant tout à la fois. Ah oui, pour finir, la quatrième de couverture fait référence à l’atmosphère de Twin Peaks et à l’humour décapant de Dexter, il y a même un parallèle avec Reservoir Dogs ! Ben voyons ! Ambiance David Lynch : zéro ; humour : zéro ; quant à Tarantino, faut pas pousser quand même… Encore du marketing racoleur qui dessert finalement le bouquin dont les qualités sont ailleurs. On attendra avec curiosité la prochaine livraison de Dan Wells afin de vérifier que Je ne suis pas un serial killer ne se résume pas à un simple coup d’esbroufe.