« Autour d'eux, la roche vivait et frémissait, fluide comme l'eau des sources qui parfois jaillissait dans les couloirs. Ils cessèrent d'avoir des bras et des jambes, une tête, des yeux, des oreilles. Ils perdirent leur corps, ou eurent plutôt la sensation qu'ils en avait un, ils n'étaient plus qu'une étincelle de vie et de conscience, capable de choisir son chemin. »
Cinquante pour cent de la Science-Fiction française est belge, lançait en guise de boutade Francis Valéry dans une de ses chroniques (in CyberDreams). En effet, Alain Le Bussy vétéran du fandom francophone, l'un des auteurs les plus prolifiques, avec Laurent Genefort, de la vénérable et ultra francophile collection Fleuve Noir Anticipation d'ailleurs en cours de restructuration, comme évoqué plus tôt dans nos « Paroles de Nornes ».
Voici donc la suite du cycle de Yorg. De même que pour les volumes précédente, le roman se présente sous la forme d'une mosaïque de récits éclatés entre sept groupes — les Yagrr et les cavaliers Longs-Cheveux, bons sauvages ; les Malalisni mutants anthropophages, mauvais sauvages ; les Survivants, troglodytes mutants ou pas encore ; les savants protecteurs paternalistes du Secret ; les Niepps esclavagistes civilisés à la recherche des richesses du passé, et les Tchings, cruels nippons totalitaristes machinistes. Bombardé des bribes de récits toujours en suspens, le lecteur ne peut que tourner les pages afin de savoir plus vite ce qui va arriver, même si l’ensemble n'est pas d'une originalité foudroyante. Et pourtant, Alain le Bussy, au hasard d'images frappantes, sème incontestablement des pistes pour des développements beaucoup plus surprenants.