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Les critiques de Bifrost

Critique parue en octobre 2017 dans Bifrost n° 88

Johan Heliot est probablement l’un des auteurs français les plus polyvalents en activité aujourd’hui, passant sans mal du thriller pour ados à la science-fiction pure et dure, mais c’est quand il revisite l’histoire qu’il se montre le plus à l’aise, quelle que soit la période qu’il choisit d’aborder. Preuve en est L’Académie de l’Ether, premier tome d’une nouvelle trilogie baptisée « Grand Siècle ». Situé au tout début du règne de Louis XIV, pas l’époque la plus visitée par ce genre de récits, le roman vire très vite à l’uchronie lorsque des marins repêchent en pleine mer un artefact extraterrestre, créature artificielle mais pensante qui va influer sur le cours de l’Histoire et accélérer quelques découvertes scientifiques cruciales pour mener à bien ses propres objectifs.

Dès les premiers chapitres, Johan Heliot nous plonge dans ce xvii e siècle parallèle et en souligne toute la diversité et toutes les contradictions, passant avec aisance de la cour du Roi aux bas-fonds de Paris, des intrigues feutrées des uns aux règlements de compte sanglants des autres. Et comme dans toute uchronie qui se respecte, on y croise plus ou moins longuement quelques visages connus, sous un jour parfois inattendu : Louis XIV, bien sûr, mais aussi Mazarin, Condé, Pascal, D’Artagnan et quelques autres. Mais les personnages les plus attachants sont probablement les cinq jeunes orphelins dont le roman va nous conter le parcours chaotique, depuis leur Lorraine natale jusqu’à Paris. Chacun connaîtra au fil des ans un destin bien différent, activisme politique pour l’une, criminalité pour l’autre, tandis qu’un troisième sera amené à jouer un rôle majeur dans les révolutions scientifiques et technologiques en cours. L’occasion également pour l’auteur de mettre en scène la vie quotidienne de cette époque, domaine où il excelle. Et le récit fonctionne d’autant mieux qu’il sait également adapter à merveille son écriture pour nous immerger en permanence dans la période qu’il met en scène.

En tant que premier volume d’une série, L’Académie de l’Ether remplit tous ses objectifs, le moindre d’entre eux n’étant pas de susciter chez son lecteur une impatience certaine à voir paraître sa suite dans les meilleurs délais. Mission accomplie.

Philippe BOULIER

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