Brandon Sanderson est connu notamment pour Elantris, Warbreaker, Fils-des-Brumes, ou la conclusion en cours d’écriture de « La Roue du temps » dont il remplace le créateur, Robert Jordan, mort prématurément. L’Ame de l’empereur a reçu le Prix Hugo du court roman 2013.
Empire de la Rose. A sa tête, Ashravan — sorte de roi fainéant entouré d’Arbitres qui exercent la réalité du pouvoir. Plusieurs factions patriciennes gravitent autour du monarque. Celle de l’Héritage détient le pouvoir, que voudrait s’approprier celle de la Gloire. Du désir à l’impérieuse nécessité il n’y a qu’un pas, que franchit la Gloire en envoyant un sicaire éliminer l’empereur. L’assassin ne parvient à tuer que l’impératrice, laissant le monarque dans un état végétatif. Or, l’Héritage doit absolument présenter dans les plus brefs délais un empereur fonctionnel à la cour sous peine de perdre le pouvoir. Il lui faut donc passer un « pacte avec le diable » en proposant à Shai, jeune Faussaire condamnée à mort, de forger une âme pour l’empereur afin d’implanter une conscience dans son corps inerte. Problème de taille, la nouvelle âme doit être suffisamment proche de l’ancienne pour rendre la Falsification indétectable. Shai, mise au secret dans une chambre du palais, va donc se plonger dans la vie de l’empereur et percer son intimité.
Réussira-t-elle la Falsification la plus difficile de sa carrière ? Usera-t-elle du pouvoir que lui donne son acte pour changer l’empereur ? Et sortira-t-elle vivante de cette aventure dont aucun témoin ne doit subsister ?
Sanderson, connu pour être l’auteur qui invente des systèmes de magie originaux, ne fait pas exception ici. La Falsification est une réécriture des caractéristiques d’un objet par la réécriture de son histoire. Veut-on s’enfuir d’une pièce verrouillée ? Il suffit de « raconter » à la serrure qu’elle fut mal forgée et présente donc un défaut structurel que le captif utilisera pour la briser. Connaissance du passé et réécriture sont les dons magiques des Faussaires ; s’y ajoutent psychologie et sens déductif. Savoir ce qu’est la chose pour savoir ce qu’elle aurait pu être, et la convaincre de le devenir. On pense à l’Egan d’Isolation — le principe est proche.
En dépit de l’écriture un peu trop moderne de Sanderson, le voyage qu’il propose s’avère agréable. Shai est un personnage aimable qui tentera de faire les choses justes quand l’occasion lui en sera donnée. Le lecteur embarque avec elle dans une aventure inédite au cœur des arcanes mortels de la politique impériale.