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Les critiques de Bifrost

Critique parue en mai 1997 dans Bifrost n° 5

« Ouais, c'est ça, continue à sourire, espèce de mutant, lança Auson à Miles. Je parie que tu donnerais cher pour m'arracher les yeux, hein ?

Miles se figea, soucieux. Il avait pourtant cru être convaincant, dans son rôle de rampant.

– Non, Monsieur dit il, clignant des yeux. »

Qu'est-ce qui est petit, contrefait, bourré d'ego, et dont les aventures, éditées dans le désordre le plus complet, ont reçus trois prix Hugo entre 89 et 95 ?

Lois McMaster-Bujold est une de ces nouvelles venues des années 80. D'abord pharmacienne, puis mère de famille, elle s'est lancée dans la Science-Fiction, plutôt avec bonheur, dirait-on. Sevrée d'Heinlein et autres auteurs édités dans Analog et Fiction durant les années 50-60 — collection paternelle oblige — Bujold voulait une série pleine d'action, centrée sur un personnage.

Ainsi donc est né Miles Naismith Vorkosigan fils de Cordelia Naismith, une amazone bétanne, et d'Aral Vorkosigan, aristocrate Barrayen. Le problème de Miles un attentat dont fut victime sa mère en pleine grossesse a fait de lui une demi portion aux os fragiles, en tout point ridicule quand on considère les canons d'honorabilités Barrayens.

Mais ce que Miles a perdu en taille, il le compense en roublardise et en obstination. Ayant raté le concours d'officier Barrayen, il s'offre, histoire d'oublier l'humiliation et le deuil de son grand-père Vorkosigan, une virée sur la très libertine planète Bêtan, en compagnie de la charmante fille de son garde du corps. Arrivé là, n'écoutant que son bon cour (et sa folie des grandeurs),

Miles rachète avec un argent qu'il ne possède pas un vaisseau obsolète et son pilote, puis élabore un trafic d'arme en compagnie d'un déserteur Barrayen pour rentabiliser l'opération… tout ça pour se retrouver arraisonné par des mercenaires! Si vous croyez qu'un petit détail de ce genre arrêtera Miles Vorkosigan, vous vous trompez. En vertu de l'adage renversé « l'habit fait le moine », même une demi-portion peut arriver à tout. Avec un peu de casse, tout de même…

C'est bien ficelé, bourré d'humour et d'émotion, beaucoup moins « hard » que La danse du miroir. Et même si Miles joue quelque peu les punching balls entre les mains de Bujold, ce second tome de la série (qui peut-être lue dans n'importe quel ordre, ou presque) demeure très attrayant.

David SICÉ

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