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Les critiques de Bifrost

L'Armée des morts

John CONNOLLY, David LISS, Stephen R. BISSETTE, Tim LEBBON, Kelley ARMSTRONG, Holly NEWSTEIN, Brian KEENE, Jonathan MABERRY, M.B. HOMLER, Derek NIKITAS, Mike CAREY, Max BROOKS, Aimee BENDER, Rick HAUTALA, Tad WILLIAMS, James A. MOORE, Joe R. LANSDALE,
PANINI BOOKS
480pp - 14,00 €

Critique parue en janvier 2015 dans Bifrost n° 77

Quatre ans après sa parution outre-Atlantique, l’anthologie zombie The New Dead arrive en France avec ses dix-neuf récits, des textes qui, si on en croit la préface qui les accompagne, sont des « nouvelles sur la mort et la résurrection » — d’où le suscité titre original et la preuve du contresens patent du titre français. En effet, plutôt que du côté du film de Zack Snyder, pâle remake du classique de George Romero, on se situe ici dans une démarche qui tente de renouveler — le critique malicieux pourrait dire « insuffler un peu de vie » — à une figure majeure de l’imaginaire contemporain. Les approches sont très variées, allant du ludique, même si un peu vain, exercice de style de Joe Hill, « Le Cirque des morts en 140 caractères », composé du fil d’un compte Twitter, au narrateur zombie à la première personne Cuivre », de Stephen R. Bissette, et « Second souffle », de Mike Carrey). D’ailleurs, ce sont plutôt les textes proposant autre chose que la dose de gore de rigueur qui sortent du lot et font véritablement du zombie une figure mythique. « Lazare », de John Connolly, raconte l’histoire du plus cé-lèbre de tous les zombies. Max Brooks écrit un texte dans l’univers de World War Z qui, comme son titre l’indique (« Tournez la page »), porte sur le thème du deuil, tout comme « Les Sanglots du vent » de Brian Keene ; Jonathan Maberry, avec « Une affaire de famille », suit un chasseur de zombies et son jeune frère dans une errance qui prend petit à petit la forme d’un récit initiatique. La longue nouvelle de Mike Carey, « Second souffle », donne avec bonheur la parole à un des personnages secondaires de sa série de romans « Felix Castor » (chez Bragelonne). Certains textes tendent vers le fantastique, à l’instar de « Sentence de vie » de Kelley Armstrong (quelle solution trouver quand vous êtes richissime et condamné par la médecine ?). D’autres constituent à peine un instantané et profitent intelligemment de la forme ramassée propre à la nouvelle — ainsi celle de Tad Williams, « La Porte des orages », ou encore « Piège fantôme », de Rick Hautala, et son plongeur imprudent, « CPM », de David Wellington, et ses zombies soldats, sans oublier le saisissant « Ce que savait Maisie », de David Liss, où le monstre n’est pas le zombie, mais bel et bien l’homme. Cette monstruosité humaine est au cœur de « Les Gosses et leur jouet », de James A. Moore, où un groupe d’enfants — on pense à Stephen King, bien sûr — jouent de moins en moins innocemment avec un mort-vivant. Quant à la nouvelle de Joe R. Lansdale, elle ne comporte aucun zombie, aucun élément fantastique, mais traite, avec l’aisance coutumière de Lansdale, de la mort, et si elle semble hors sujet par son absence de monstre, son approche du monstrueux, justement, n’en est pas moins fascinante.

L’amateur a par conséquent largement de quoi se rassasier avec cette anthologie… et il en profitera pour acheter en même temps l’indispensable roman de Daryl Gregory, L’Education de Stony Mayhall.

Étienne BARILLIER

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