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Les critiques de Bifrost

L'Astre de vie

Edmond HAMILTON
ALBIN MICHEL

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Au début des années 70, la collection « Science-Fiction » d’Albin Michel est celle dont le penchant pour le classicisme – voire un certain archaïsme – s’avère le plus marqué. Rapide résumé : la SF américaine débarque en France au début des années 50, soit vingt-cinq ans après s’être constituée en tant que genre sous la houlette de Hugo Gernsback. Trois collections majeures voient alors le jour. « Anticipation », au Fleuve Noir, sera le fief de la SF d’expression française ; « Le Rayon Fantastique », coédité par Hachette et Gallimard, disparaîtra dès le milieu des années 60 ; « Présence du Futur », chez Denoël, sera la collection aux ambitions littéraires et intellectuelles les plus avouées.

Entre 1930 et 1970, un volume considérable de science-fiction paraît aux USA, une période englobant ce qu’il est coutume d’ap-peler l’âge d’or de la SF américaine. L’âge d’or, oui, mais lequel ? Pour les uns, il s’agit de l’époque où John W. Campbell dirigea Astounding et où se révélèrent Asimov, Robert Heinlein, Ray Bradbury, Van Vogt ou Simak, entre autres. Pour d’autres, ce sont les an-nées 50, quand apparurent Ro-bert Silverberg, Frank Herbert, Philip José Farmer, Poul Anderson et, bien sûr, Philip K. Dick. On n’avait encore rien lu de tel en France, alors qu’en Angleterre commençait déjà à déferler la nouvelle vague – celle de Ballard, Moorcock ou Ellison. Justement : dans l’Hexagone du tournant des années 70, trois nouvelles collections allaient naître. « J’ai Lu » où la SF se mêlait à toutes sortes d’autres littératures (on en rêve encore), ainsi que le « Club du Livre d’Anticipation » (Opta) et « Ailleurs & Demain » chez Robert Laffont. Commençait ainsi en France un âge d’or pour la science-fiction qui allait durer trois lustres. Le même mois, on pouvait voir sortir des livres de Barry N. Malzberg ou de R.A. Lafferty, et d’autres signés Jack Williamson ou Edmond Hamilton, justement. Des bataillons entiers d’éditeurs allaient piocher là-dedans à qui mieux mieux. C’est dans ce contexte que L’Astre de vie, publié originellement aux USA en 1959, se voyait « enfin » traduit en 1973.

Des guillemets nécessaires, car le roman n’a rien d’un chef-d’œuvre… ni rien de rédhibitoire non plus. C’est un très agréable roman d’aventures spatiales avec un petit parfum vieillot – le lecteur s’attendrait presque à trouver une fleur séchée entre ses pages.

Kirk Hammond, un homme de notre époque – c’est-à-dire le futur proche de 1959 –, est un pionnier de la conquête de l’espace. Un accident le laisse pour mort dans les tréfonds du cosmos mais notre héros survit, plonge en hibernation, et se réveille dix mille ans plus tard, dans un avenir où la Galaxie a été conquise. Tout n’est cependant pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’humanité se divise désormais entre Hoomen et Vramen, immortels et dominants : leur secret, jalousement gardé, se dissimule au fin fond d’une lointaine nébuleuse. De base secrète en planète-prison, Hammond découvrira que le prix de l’immortalité est plutôt élevé.

La structure de l’histoire est marquée par l’époque où Hamilton était à son apogée. Nul doute que les amateurs de SF classique et d’aventures spatiales y trouveront leur plaisir.

Jean-Pierre LION

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