Sara DOKE
LE PEUPLE DE MÜ
240pp -
Critique parue en octobre 2019 dans Bifrost n° 96
Sur le principe, ce livre avait tout pour plaire. Une maison d’édition réalisant un travail soigné avec des auteurs originaux généralement dans les goûts de la chroniqueuse de ces lignes, une thématique féministe dans l’air du temps et intéressante. Et dans les faits ? Ne mâchons pas nos mots, L’Autre moitié du ciel est un livre décevant. Il n’est tout simplement pas à la hauteur de ce qu’on attend d’un livre : à savoir un dialogue entre un auteur et son lecteur. Ou ici, une autrice et sa lectrice. La plume de Sara Doke est certes belle et facile à lire. Le fond en revanche est un monologue presque d’un bout à l’autre des 240 pages du recueil. Seul le texte intitulé « La Femme du miroir » arrive à toucher son public par sa sincérité, parfois cruelle. Tout le reste n’est qu’une démonstration du talent et la culture de l’autrice. Oui, Sara Doke connaît parfaitement le monde de la science-fiction au point de faire de cette connaissance l’un des ressorts principaux du texte « Lire ou mourir ». Ou d’écrire dans le style d’auteurs qu’elle admire comme dans « Anita Rossa ». Oui, Sara Doke est cultivée et nous propose ainsi différentes déclinaisons de la geste arthurienne dans ce recueil. Et pourtant, cela ne suffit pas. Il y a une différence subtile entre bien connaître son ou ses sujets et s’en servir pour nourrir sa propre réflexion, et étaler sa connaissance et s’en parer au point de laisser son récit passer au deuxième plan. C’est malheureusement ce second effet qu’obtient Sara Doke dans la majorité des textes en prose de ce recueil. À trop vouloir montrer ses références et les dessous intimes de ses textes, elle ne fait que lasser ses lecteurs sans leur laisser le loisir de s’immerger pleinement dans les histoires qu’elle raconte. Et donc d’être à l’écoute de son message.