François BARANGER
BRAGELONNE
570pp - 21,50 €
Critique parue en juillet 2017 dans Bifrost n° 87
Après une incursion remarquée dans le domaine de la SF avec son long, très long, trop long Dominium Mundi, François Baranger, illustrateur et romancier, change de genre et s’attaque au thriller avec L’Effet domino. Un tueur en série assassine de façon horrible à Paris, en 1907 : les cadavres sont atrocement mutilés, les viscères répandus de façon ordonnée, des symboles cabalistiques étranges inscrits tout autour. Or, les victimes sont toutes des proches de célébrités (Camille Saint-Saëns, Claude Monet, Marie Curie). Aussi, le préfet Lépine est-il sur les dents. Et comme l’enquête n’avance pas assez vite, il fait appel, en grand secret, à un inspecteur breton, Philippe Lacinière, connu pour son efficacité, mais, surtout, sa grande droiture. On lui confie aussitôt une équipe réduite et une consigne : faire vite et discret.
Et c’est parti pour une course poursuite à travers les rues d’un Paris en pleine transformation. L’auteur fait de la capitale du début du siècle un personnage essentiel de son histoire, la décrit avec un plaisir gourmand évident et une certaine finesse – la plus grande réussite de ce récit. À quelques rares exceptions près, on n’est pas devant un catalogue d’exposition ou un guide touristique : cette ville vit, grouille d’habitants, respire, pue, crie, se tait. Elle donne corps à ce duel haletant entre le policier et le meurtrier.
François Baranger, dans L’Effet domino, en dépit de ce que suggère la quatrième de couverture, laisse bien de côté les domaines qui nous sont chers en Bifrosty. En effet, pas une once de fantastique, de weird, dans ce nouveau roman. Mais si l’on n’est pas rebuté par les boyaux et les morceaux de corps, les rebondissements multiples (pas toujours surprenants) et les personnages bien charpentés (mais un brin caricaturaux), alors le tueur aux dominos n’attend plus que vous.