Celcinius, médecin dans une cité étrusque, découvre par hasard le « poison d'immortalité », qui permet de conserver les corps dans la glace en état de vie suspendue quasi indéfiniment, tout en pouvant se faire réveiller autant de fois que l'on veut à n'importe quel moment de l'histoire. Il fonde les Temporiens, une société secrète composée d'hommes et de femmes dont le but est de diriger le monde grâce à la longévité exceptionnelle que leur confère le poison.
En l'an 71, le bateau sur lequel se trouve Vitellan Bavalius, soldat de l'armée romaine, sombre en pleine mer au cours d'une tempête. Cinq jours plus tard, la marée recrache Vitellan sain et sauf. Cette formidable résistance au froid attire l'attention des Temporiens, qui ont l'intention d'en faire un des leurs. Mais l'organisation est victime de sa trop grande paranoïa : les deux seuls détenteurs de la formule du poison d'immortalité meurent au cours d'un incendie provoqué par un cambrioleur. Ils ne laissent aucune trace écrite derrière eux, comme le veut la coutume, et l'organisation se désintègre.
Un peu plus tard, Vitellan, devenu Centurion, se retrouve en possession des dernières réserves de poison d'immortalité. Commence alors pour lui un voyage sans retour dans le temps, qui le conduira, après quelques haltes, sur les rivages du XXIe siècle…
Le thème du voyage dans le temps (fût-il un aller simple) possède ses chants des sirènes et ses propres écueils. Si McMullen n'a pas su résister aux premiers, il est en revanche parvenu à éviter ces derniers, tout en barrant de façon très classique.
Ce qui ne suffit malheureusement pas au lecteur pour atteindre les rivages de l'extase livresque. Entre un traducteur qui a visiblement des problèmes côté français et un écrivain au style des plus malheureux, il a même sérieusement intérêt à s'arrimer au mat s'il veut revoir un jour la côte. Notre auteur australien a pourtant quelques idées. Rien d'original, certes, mais une façon de traiter son sujet qui change un tantinet de la vision purement anglo-saxonne. Mais quelle écriture ! Misère ! ! Cela donne des personnages peu attractifs et un récit au rythme mal géré (quand il y en a !). Et le plus rédhibitoire : des changements de point de vue qui se succèdent à un rythme effréné sans transition, d'où une confusion quasi permanente qui finit par lasser.
La partie historique n'a aucun intérêt. McMullen n'a pas su rendre ses reconstitutions assez vivantes pour que l'on suive les pérégrinations de son héros avec plus qu'un intérêt poli. La partie « futuriste » (an 2028) est plus intéressante. Malheureusement, c'est aussi la partie où le nombre de défauts s'accroît. Outre ceux cités ci-dessus, on ajoutera, pour faire bonne mesure, des ficelles grosses comme des cordes d'amarrage, des facilités et des raccourcis irritants, sans parler d'un deus ex machina qui donne envie de hurler de frustration.
Bref, un ratio plaisir/nombre de pages sous la moyenne pour un livre dont on se passera sans regret.