Patrick LEE
L'ATALANTE
320pp - 18,00 €
Critique parue en janvier 2012 dans Bifrost n° 65
Certes, le titre est idiot. Certes, la couverture est peu engageante. Mais il serait dommage que cela vous éloigne de ce titre, qui, s’il ne constitue pas un chef-d’œuvre, se révèle un redoutable page-turner.
Travis Chase est un solitaire. Ex-flic, il a également passé quinze ans de sa vie en prison pour une raison qui nous sera dévoilée progressivement. Alors qu’il part pour un trek en montagne, il tombe dans une vallée reculée sur rien moins qu’une épave de Boeing 747… dans laquelle il découvre le cadavre de la Première Dame des Etats-Unis ! L’avion convoyait un chargement ultrasecret, un mystérieux Chuchoteur convoité par des barbouzes présentement occupés à torturer une autre des passagères du 747 pour qu’elle leur dévoile où elle l’a caché. C’est le début d’une longue course-poursuite…
Difficile, voire impossible, dès lors, de lâcher ce thriller d’une efficacité à toute épreuve. Il s’agit pourtant d’un premier roman, le début d’une trilogie dont le dernier tome vient de paraître, mais Patrick Lee maîtrise déjà remarquablement les codes du domaine : un rythme soutenu marqué par quelques scènes d’anthologie (sans trop dévoiler, celle en Suisse, que ne renierait pas un George Romero), des révélations savamment distillées… bref, tout l’arsenal du genre. Qu’importe dès lors que ce livre emprunte une thématique maintes fois usée (les artefacts extraterrestres qui parviennent sur Terre), utilise quelques grosses ficelles (un 747 qui peut s’écraser sans que personne ne le remarque, la scène du baiser) ou souffre d’incohérences. L’essentiel n’est pas là, mais bien dans le plaisir de lecture très premier degré, celui qui ne nous encombre pas les neurones mais nous procure une lecture compulsive. Il faut dire qu’en plus de sa construction impeccable, le livre se distingue par ses deux protagonistes plutôt bien campés, malgré certains poncifs propres au genre.
Certes très loin d’être inoubliable, L’Entité 0247 s’avère donc un roman fort sympathique porté par une vitalité peu commune. C’est déjà ça.