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Les critiques de Bifrost

L'infinie comédie

L'infinie comédie

David FOSTER WALLACE
L'OLIVIER
1488pp - 27,50 €

Bifrost n° 81

Critique parue en janvier 2016 dans Bifrost n° 81

«  Ensuite j’ai perdu ma femme à cause de la boisson. Je ne dis pas que je ne savais plus où elle était et tout ça, seulement un beau jour, quand je suis arrivé, y avait quelqu’un d’autre qui s’en chargeait à ma place.  »

Un kilo deux cent quatre-vingt grammes pour 1488 pages sur papier bible dans son édition française qui aura failli rendre fou l’un de ses traducteurs 1, mettre quelques éditeurs2 courageux sur la paille et, surtout ne jamais sortir dans notre beau pays3. C’eût été dommage tant la presse littéraire, ou ce qu’il en reste par-ci par-là, s’est galvanisée à grands coups d’articles parfois forts intéressants sur L’Infinie comédie, monument incontesté de la littérature américaine4. Si l’argument annonce clairement le contexte d’un futur proche, le lecteur surbooké d’Imaginaire est en droit de se demander si David Foster Wallace fait réellement partie de notre club, et s’il doit plonger tête baissée dans un univers qu’il ne quittera peut-être pas de sitôt.

A la première question, on répondra : oui, David Foster Wallace fai(sai)t5 résolument partie de notre club dans la mesure où Philip K. Dick, William S. Burroughs et James G. Ballard6 hantent son œuvre d’une page l’autre. A la seconde interrogation, on placera le lecteur devant lui-même et face à ses responsabilités : un monument, ça se visite, même si on n’est pas obligé d’en tomber amoureux7.

(1) à en croire Francis Kerline qui, quand il s’exprime dans le Books d’octobre 2015, avoue qu’il aurait bien traité l’auteur d’« enfoiré » après une dure année de travail.

(2) après avoir édité des recueils de nouvelles, et autres textes plus courts, Le Diable Vauvert, alors titulaire des droits, jeta l’éponge.

(3) alors qu’il a fait un tabac en Allemagne, en Italie, en Australie, etc.

(4) entre le colloque tenu en septembre dernier à la Sorbonne et l’incroyable somme exégète qu’on trouve sur internet…

(5) gravement dépressif, l’auteur s’est pendu, non sans succès, en 2008.

(6) technologie dickienne, toxicomanie burroughsienne et folie balardienne sont au rendez-vous. La preuve par trois, rires et sourires en plus.

(7) ceci était un test : l’ouvrage contient 380 notes sur 157 pages et leur lecture est indispensable, comme celle, du reste, de L’Infinie comédie.

Grégory DRAKE

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