C’est l’histoire d’un troll qui raconte quatre histoires qui n’en font qu’une. Ce troll (qui, tel Bourvil, ne tient guère l’eau ferrugineuse) est contremaître dans une mine rongée par la bureaucratie (et transformée en emmental par des nains). Parfois, on lui assigne des missions de type search and destroy contre un nécromant particulièrement pénible. Au moment où commence cette tétralogie très ramassée, le supérieur hiérarchique du narrateur lui met dans les pattes un stagiaire. Et que peut-il arriver de pire à un troll ?
Sorti en librairie une semaine après la mort de Terry Pratchett, le 19 mars 2015, donc, L’Instinct du troll est une fantasy humoristique pleine d’anachronismes qui fait évidemment penser au « Disque-Monde » et, plus proche de nous, à la trilogie de Catherine Dufour « Quand les dieux buvaient ». L’humour étant la chose la moins bien partagée au monde (surtout que ce volume contient de l’humour d’informaticien, qui est à l’humour ce que Rammstein est à la musique), il est difficile de se faire un avis définitif sur cette composante du livre. Ça passe ou ça casse. La vraie surprise est ailleurs : on ne comprend pas très bien pourquoi Jean-Claude Dunyach, auteur de SF surdoué (« Déchiffrer la trame », par exemple), est allé se fourvoyer dans cette voie littéraire. Non seulement il ne s’y sent pas totalement à l’aise, mais il donne surtout l’impression d’arriver non pas au sortir de la bataille, mais bel et bien après la fin de la guerre (le 12 mars 2015, donc, pour ceux qui n’auraient pas suivi). Ce petit livre contient quelques jolis passages, quelques trouvailles qui font mouche, mais on est loin, très loin, d’un Terry Pratchett en grande forme.
Et maintenant, si le rédacteur en chef le permet (en fait, il a pas vraiment le choix), je laisse la conclusion à une connaissance dont on finit toujours par croiser la route : « AMI DUNYACH ! JE CROIS QU’IL EST PLUS QUE TEMPS QUE VOUS VOUS REMETTIEZ À LA SCIENCE-FICTION. »