Ari MARMELL
BRAGELONNE
480pp - 22,40 €
Critique parue en juillet 2012 dans Bifrost n° 67
Quand on n’a pas eu l’occasion de lire depuis quelques semaines, mettre fin à cette parenthèse et retrouver un genre comme la fantasy avec un roman tel que L’Ombre du conquérant n’est pas franchement une partie de plaisir.
Ari Marmell, le « coupable » du jour, nous livrant là son premier roman qui ne soit pas tiré d’un univers de jeu de rôle, semble vouloir clairement s’ins-crire dans une mouvance « à la Gemmell », sans en avoir le talent de mise en scène, et sans même parler de maîtriser les codes inhérents à ce genre de productions pourtant fortement balisées. Car on ne peut pas dire que l’on s’attache vraiment au parcours de Corvis Rebaine, dont le présent se re-trouve ravagé par son passé. Il faut dire que le personnage n’a vraiment rien de crédible, en tant qu’ancien seigneur de guerre s’étant retiré paisiblement et menant une tranquille vie de famille après avoir manqué asservir un royaume entier (si si !). La Terreur de l’Est ? Une aimable plaisanterie et un nom ronflant qui ne paraît guère mérité.
Bref, côté intrigue, on repassera. Qui plus est, voir notre héros reprendre les armes pour tenter d’arrêter un nouveau venu décidé à l’imiter… on ne peut pas dire que le parti pris ait quoi que ce soit de bien original.
Reste le ton, qui, évidemment, peut apporter un réel plus à l’ensemble… ce qui n’est pas vraiment le cas ici, malgré quelques touches d’humour tombant parfois juste, parfois totalement à côté de la plaque. Le roman aurait pourtant sans doute gagné à lorgner bel et bien du côté du registre de la parodie…
Avec une histoire tirée par les cheveux et percluse d’incohérences diverses (et variées), des rebondissements outranciers et des protagonistes sans saveur, on se retrouve finalement à survoler le roman plutôt qu’à se plonger dedans.
De toute évidence, notamment en se penchant sur le fonctionnement de la magie et les nombreuses informations en tous genres sur son univers dont nous abreuve l’auteur, ce dernier s’est beaucoup amusé à concevoir ce mélange indigeste. Seul souci : il est bien le seul. Vous connaissez sans doute l’anecdote qui veut qu’il n’y ait rien de plus pénible que de devoir écouter un(e) ami(e) vous raconter une partie de jeu de rôle prétendument légendaire alors que le sujet ne vous parle absolument pas ?
Nous sommes en plein dedans. A éviter.